Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/789

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

notre préparation d’artillerie des jours précédens que l’indice d’une offensive sur Vaux, estimant Douaumont hors de portée. Avant l’heure même de l’action, le 50e bataillon de chasseurs a eu ses cadres décimés. Son chef, le commandant Imbert, le fait progresser cependant à hauteur du bataillon Lourdel du 333e, qui est aux Carrières. Blessé, il doit céder le commandement au capitaine Magner. Celui-ci se porte à une distance de 3 à 400 mètres du fort, mais il est arrêté par des feux de mitrailleuses et ne peut avancer davantage, en raison de la résistance du Petit Dépôt et du manque de couverture sur sa droite. D’ailleurs, les effectifs sont réduits, les équipes spéciales de sapeurs, de porteurs de lance-flammes, de grenadiers, de nettoyeurs sont disloquées. Le bataillon n’a plus tous ses moyens pour procéder à une attaque. À la nuit, il s’organise sur le terrain qu’il a couvert, cherchant sa liaison à droite avec le 71e bataillon de chasseurs. Le 25 au matin, le capitaine Magner blessé doit, à son tour, passer le commandement au lieutenant Rousselot, qui est chargé de ramener le bataillon en arrière pour le former en réserve de division. L’ordre ne pourra être exécuté que la nuit suivante, tant le bombardement est violent et rend impraticable une relève en plein jour.

Le 71e bataillon de chasseurs (commandant Cour) a traversé des épreuves plus pénibles encore. Une de ses compagnies, la 8e (capitaine Paillard) aide le bataillon Casella à s’emparer de la tranchée Clausewitz où elle cueille plus de cent prisonniers et délivre le sous-lieutenant Berthelin, qui avait franchi l’obstacle avec les premières vagues de la 9e compagnie et qui, blessé et revenant en arrière, s’était jeté dans les mains de l’ennemi à Clausewitz, croyant cette tranchée déjà entre nos mains. Clausewitz liquidé, c’est le combat du Petit Dépôt. Il faut manœuvrer : tandis que le bataillon Casella l’aborde de face et que le bataillon Picandet opère son mouvement par l’Est, la 8e compagnie du 71e bataillon de chasseurs prend par l’Ouest. La 7e, capitaine Jolly, vient la renforcer et subit des pertes graves par le tir des mitrailleuses. Le capitaine Jolly, marchant en tête de ses hommes avec une insouciance presque téméraire, tombe un des premiers. Descendu au fond d’un boyau par un de ses chasseurs et se sentant mourir, il le renvoie avec ce message : « Va dire au commandant que je suis mort pour la France. » Il est remplacé par le lieutenant Duménil qui perd