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brûlent encore, restes de grenades ou de cartouches explosées, débris sans nom, fumier de guerre. Deux ou trois cadavres sont étendus dans un couloir. Un brasier qui meurt jette sur eux des lueurs brèves. Cette fumée, pourtant, a dû trouver une issue. L’incendie s’est propagé au dehors, des flammes ont été vues par les aviateurs. Tout à coup un bruit de voix, de pierres qui tombent. Les trois hommes restent en arrêt, le revolver au poing. Mais ces voix parlent français. Le lieutenant Labarbe, inspectant la superstructure, a pu pénétrer à l’intérieur avec sa section par une voûte crevée. La jonction se fait gaiement. Cette fois, les explorateurs se sentent chez eux. Ils réoccupent une maison française, souillée, il est vrai, mais utilisable. L’exemple du commandant Raynal n’a pas tenté les Allemands. Ils ont vidé les lieux avec promptitude...

Le lieutenant Peyron ne manque pas de nous offrir le tour du propriétaire. Les ouvrages extérieurs sont assez mal en point : les coffres de contrescarpe sont dévastés, sauf le coffre Sud-Ouest aisément réparable. Une des galeries a sauté. Le couloir qui conduit à la casemate de Bourges de gauche est détérioré, les deux observatoires sont en mauvais état et la coupole de 75 quasi détruite par un obus lourd. Mais la visite intérieure est consolante. Déjà les chambres sont propres et rangées. On achève la toilette des corridors. Et pourtant, quelle besogne ingrate ! La saleté boche a dégoûté le 298e. Jamais locataire ne prit congé dans des conditions aussi fâcheuses pour sa réputation.

Une galerie d’une quarantaine de mètres de profondeur, boisée et aménagée dans la direction du Nord, et dont la sortie devait aboutir aux abris qui étaient édifiés sur les pentes face à la Woëvre, a été trouvée et déblayée.

— Nous nous sommes trop pressés, dira le général Mangin en l’apprenant : un peu plus tard, ils nous l’eussent livrée achevée.

Nous voici de retour au bureau du commandant d’armes, la Kommandantur des Allemands. Un lit à deux étages en occupe le fond. Du second étage émerge la tête hirsute de l’aumônier divisionnaire, l’abbé Rochias. Il a célébré hier la messe dans le grand couloir sommairement ratissé. La première messe de Vaux : quel souvenir inoubliable pour les assistans ! Comme les mauvais miasmes ont été chassés par la ventilation, les