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AUTOUR D’UN MARIAGE PRINCIER
NOTES ET SOUVENIRS
1878-1913


I

C’était au mois de juillet 1878.

Le Congrès de Berlin venait de finir. Les plénipotentiaires allaient se séparer, après avoir siégé durant plusieurs semaines ; ils n’avaient, en dépit de leurs efforts et de leurs prétentions, fondé le repos de l’Europe que sur des bases dont la fragilité devait bientôt apparaître. Le ministre des Affaires étrangères de France, Waddington, qui, avec l’ambassadeur comte de Saint-Vallier et M. Desprez, directeur de la politique au quai d’Orsay, avait représenté son pays dans cette réunion diplomatique, préparait son départ, lorsqu’une dépêche de M. Victor Tiby, représentant français en Danemark, lui apportait à l’improviste une nouvelle sensationnelle. Elle portait que le prince impérial, fils de Napoléon III, qui voyageait dans les pays scandinaves, était attendu à Copenhague au mois d’août et devait être reçu par la famille royale, au château de Bensdorff. Le but du jeune prince, en procédant à cette visite, était, racontait-on, de se faire connaître des souverains danois et de leur plus jeune fille, la princesse Thyra, la seule qui ne fût pas mariée ; la reine d’Angleterre s’intéressait vivement aux deux jeunes gens et souhaitait leur union. Si, comme tout le laissait supposer, ils se plaisaient, les fiançailles ne se feraient pas attendre