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gouvernement français pouvait compter sur ses bons offices personnels, « dans la mesure où son action pourrait se faire sentir en une matière aussi délicate. » Waddington rentrait à Paris le lendemain, y voyait le prince de Galles qu’il entretenait de cette affaire et dont le langage l’eût rassuré, si l’ambassadeur britannique, lord Lyons, en affirmant « que le projet paraissait abandonné, » n’eût implicitement avoué qu’il avait existé. Le 9 août, le ministre des Affaires étrangères danois affirmait au ministre de France que la nouvelle était fausse. Mais celui-ci n’en croyait rien et maintenait ses informations antérieures. Ne sachant plus que penser, Waddington se décidait le 28 à écrire au marquis d’Harcourt, notre ambassadeur à Londres.

« Sans méconnaître l’influence que les liens dynastiques peuvent exercer sur la politique des gouvernemens, lui mandait-il, nous considérons cette influence comme un faible appoint des forces qui agissent de notre temps sur le destin des peuples. Nous ne devons pas cependant rester inattentifs aux symptômes qui nous annoncent cette tentative d’union entre le fils de Napoléon III et une famille régnante que des alliances antérieures rattachent étroitement aux plus grandes monarchies de l’Europe. Nous pouvons d’autant moins nous montrer indifférens que ce projet nous est représenté comme rencontrant de hautes approbations et même un appui à la cour d’Angleterre. » Après ce préambule, le ministre des Affaires étrangères racontait ce qui s’était passé à Berlin entre lui et lord Beaconsfield, et la promesse d’intervenir faite par ce dernier, à qui le marquis d’Harcourt était prié de la rappeler. Waddington invitait en même temps son représentant à Copenhague à faire comprendre au gouvernement royal « qu’une telle union serait peu conforme au caractère amical des relations du Danemark avec la France. »

« Mais il n’en a jamais été question, répliquait le premier ministre danois, en réponse à cette communication »

A Londres, lord Beaconsfield parlait dans le même sens et n’était pas moins affirmatif. Après information « auprès de la plus haute autorité du royaume, » il affirmait que « les bruits recueillie par le chargé d’affaires de France étaient sans fondement et qu’il était notamment inexact que le prince impérial dût venir à l’ile de Wight. » Il semble bien que c’était la vérité