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Quant à l’Autriche, sa situation est bien pire. Elle se traîne dans le sillage de son alliée ou plutôt de sa souveraine, copiant servilement les institutions allemandes, telles que Caisses de prêt, offices de ravitaillement et de taxation, modelant ses emprunts sur les emprunts allemands, essayant à Vienne et a Budapest de marcher à la même allure qu’à Berlin. Mais la monarchie dualiste n’a pas la vigueur de celle des Hohenzollern. Depuis longtemps elle luttait contre des difficultés financières et monétaires sans cesse renouvelées. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle qu’après une longue série d’efforts elle avait réussi à écarter le fléau du papier-monnaie. Elle y est lourdement retombée dès 1914, à tel point qu’elle n’ose même pas publier le chiffre des billets de banque qu’elle a lancés dans la circulation. La plupart des industries sont arrêtées et les souffrances des populations plus vives encore qu’en Allemagne.

Au début de la guerre, on s’était trop pressé d’annoncer l’épuisement de nos ennemis. Un blocus insuffisant leur a permis de tirer beaucoup de ressources du dehors. Mais celles-ci s’épuisent, et la garde montée par les marines française, anglaise et américaine est plus efficace que jamais. Les prédictions qu’il était prématuré de faire en 1914 et 1915 peuvent être formulées aujourd’hui. L’heure de la justice immanente approche. L’édifice économique des Empires centraux s’écroulera en même temps que leur puissance militaire.


RAPHAËL-GEORGES LÉVY.