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REVUE LITTÉRAIRE

LITTÉRATURE DE GUERRE [1]

A mesure que la guerre se prolonge, la littérature de la guerre s’enrichit de tous les sentimens que multiplie et développe la dure épreuve. Dans les premiers temps, on la vit aller, pour ainsi dire, au plus pressé, qui était de commenter les événemens, de prouver le bon droit du pays, de montrer le devoir de tous et de chacun, de créer un état de pensée où. fussent en éveil l’enthousiasme et la résignation. Les écrivains de la guerre ont accompli une tâche excellente. Ils ont été les véritables meneurs de l’opinion publique, aux jours de la tribulation la plus terrible : on n’a pas oublié ce que fut, par exemple, pour des milliers et des milliers de Français tourmentés, le conseil sûr et souverain d’un Albert de Mun. Depuis lors, la guerre a pris un tel caractère de durée, elle a si profondément posé les questions de vie et de mort, elle pénètre si loin dans l’âme de nos âmes, qu’il ne s’agit plus désormais d’une période cruelle à passer avec courage, à subir avec entrain : mais il s’agit encore de toutes les idées sur lesquelles a vécu notre peuple, de toutes les conditions de son avenir. La littérature de la guerre est ainsi portée, de la remontrance patriotique, à la méditation philosophique.

Cela est sensible, et cela est extrêmement beau, dans le nouveau livre de M. Maurice Barrès, Les diverses familles spirituelles de la

  1. Les diverses familles spirituelles de la France, par Maurice Barrès ; Émile-Paul) ; Lettres à une dame blanche (Société littéraire de France) et Pendant qu’ils sont à Noyon (Tallandier), par Maurice Donnay ; Croquis de Paris, par Maurice Demaison (Plon) ; Quelques aspects du vertige mondial, par Pierre Loti (Flammarion) ; La famille française, par Henri Lavedan (Perrin).