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cartouches et dans toutes les gargousses d’un type donné, exactement le même. En outre, la poudre, surtout la poudre moderne n’est pas toujours identique à elle-même ; elle vieillit avec le temps, se décompose un peu, a ses maladies (les catastrophes passées de l’Iéna et de la Liberté nous l’ont cruellement appris). Par conséquent, les propriétés balistiques de la poudre changent d’un lot à l’autre ; pour un même lot par surcroît elles changent légèrement avec la température et le degré d’humidité de l’air. On admet par exemple que, pour chaque degré au-dessus de 15° centigrades, la force propulsive augmente d’une quantité telle que la vitesse initiale du projectile est accrue d’environ un millième de sa valeur. La vitesse avec laquelle cette poudre brûle dans l’âme du canon n’est pas non plus toujours identiquement la même, car elle dépend des formes un peu variables des brins. On a d’ailleurs à cet égard fait des progrès immenses depuis les immortels travaux de Vieille, qui a eu l’idée de donner aux brins de poudre des formes géométriques leur assurant une combustion régulière et réglable.

3° A côté des causes de dispersion qui proviennent de l’obus et de la poudre, il faut placer celles qui proviennent du canon lui-même. D’abord, on ne peut pas pointer rigoureusement deux fois de suite la pièce d’une manière identique ; la précision est en effet limitée par la puissance et le pouvoir séparateur de l’appareil de pointage qui ne sont pas infinis. Puis la pièce est plus ou moins chaude, suivant la température extérieure et le nombre de coups déjà tirés : la force propulsive de la poudre s’en ressent ; les rayures sont plus ou moins usées, le frottement de la ceinture plus ou moins vigoureux et par conséquent la contention des gaz dans l’âme de la pièce plus ou moins complète. Toutes ces causes modifient les trajectoires des projectiles.

4° A côté de tout cela qui provient du matériel lui-même, il faut considérer les causes perturbatrices originalités de l’extérieur et surtout de l’atmosphère :

On s’est souvent demandé si les canonnades n’avaient pas d’effets météorologiques, et certains n’ont pas craint d’affirmer que telles pluies abondantes avaient été produites par elles. Cela n’est rien moins que prouvé et, pour ma part, si j’admets volontiers que l’action des ébranlemens produits par l’artillerie peut favoriser dans une certaine mesure les condensations, je crois que cette mesure est négligeable ainsi qu’il ressort de l’examen impartial des données et statistiques météorologiques.