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Par exemple, encore, la répartition dissymélatrique d’un certain nombre de coups tirés sur un objectif permet de connaître la distance du point moyen à celui-ci, et de rectifier le tir en conséquence. Ainsi, si on constate que les trois quarts des coups tirés sont trop courts, on en peut conclure que le point moyen est d’un écart probable en avant du but. On peut calculer facilement, par des procédés analogues et en utilisant les tables de tir, quel est le nombre de coups pour 100 que l’on a chance de placer avec un canon donné sur un but de dimensions données, placé à une distance donnée. Il est évident que le nombre de coups à tirer est, dans ce cas, d’autant plus petit que l’écart est plus faible, et c’est pourquoi les canons modernes et bien construits sont aussi ceux qui gaspillent le moins les munitions. Les mécanismes perfectionnés des pièces récentes, leurs instrumens de pointage, leurs affûts ingénieux n’ont donc pas seulement l’avantage d’un tir plus rapide, d’un transport plus aisé : ce sont des économiseurs de munitions. Tous ces calculs d’ailleurs simples ne sont qu’un jeu pour nos commandans de batterie.

Finalement, qu’est-ce que préparer un tir ? C’est déterminer les élémens initiaux qui servent à tirer le premier coup de canon de telle sorte que celui-ci soit déjà aussi près que possible du but. On voit tout de suite pourquoi il est nécessaire que cette préparation soit faite aussi exactement qu’il se peut : d’une part, elle économise les munitions qu’il faudrait dépenser pour faire des réglages approximatifs : d’autre part, elle permet, par une efficacité immédiate, de surprendre l’ennemi et de le frapper rapidement au point vulnérable sans lui donner le temps de s’abriter ou de contre-battre.

Pour préparer le tir sur les divers objectifs qui pourront être assignés éventuellement à ses feux, le commandant de batterie procède à l’étude préalable du terrain par des reconnaissances ou sur la carte. Il organise et éprouve les postes d’observation et leurs communications téléphoniques (nous y reviendrons à propos du réglage du tir). Il a utilisé aussi pour ses préparatifs les résultats dûment consignés des tirs antérieurement faits sur les emplacemens qu’il occupe.

Il est clair que la connaissance de la position géographique des objectifs est la base essentielle de la préparation du tir. Il faut savoir avant tout ouest chacun de ces objectifs, quelles sont sa distance et sa direction ; en un mot, il faut l’avoir localisé, ou, comme on dit maintenant, repéré. A vrai dire, le sens du mot repérer est plus complet que celui du mot localiser : repérer un objectif, c’est à la fois le découvrir