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Leur fidèle union par l’épreuve suprême
Est scellée à jamais ;
L’un moissonne déjà, tandis que l’autre sème :
Ensemble ils ont la paix.

Ils traversent le voile, ils franchissent l’abime,
Les gouffres noirs et sourds ;
Ils savent malgré tout par un instinct sublime
Se retrouver toujours.

L’un de vos enfans chante, ô Christ, et l’autre pleure ;
Ils sont vôtres tous deux,
Et l’un dans l’âpre exil, l’autre en votre demeure,
Ensemble ils sont heureux.

Parce qu’ils ont aimé, soumis à la loi sainte,
Au décret paternel,
Ils demeurent unis dans une même étreinte
Par l’Amour éternel.


LA COMMUNION SUPRÊME


Avons-nous enfoui le meilleur de nous-mêmes
Dans la tombe précoce où nous avons laissé
L’espoir de l’avenir, le bonheur du passé
Avec un doux fantôme aux traits muets et blêmes ?

Gémirons-nous sans fin sur nos trésors suprêmes
En traînant un cœur lourd mortellement blessé ?...
Non, ils ne gisent pas au sépulcre glacé ;
Je sais bien que tu vis, chère âme, et que tu m’aimes.

Quand sous le ciel brumeux qui nous semble de fer,
Nous partageons le pain que nous trouvons amer,
D’autres sont près de nous autour de notre table.

Nous ne livrons pas seuls le combat surhumain :
Debout, des deux côtés du voile redoutable.
Les vivans et les morts se tiennent par la main.