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débours par la rente attribuée au titulaire. Ces rentes sont, pour l’ordinaire, de fondation fort ancienne ; celle, par exemple, dont bénéficie, à Louis-le-Grand, le jeune Maximilien de Robespierre, date de l’an 1308 ; elle est à la nomination de l’abbé de Saint-Vaast. Quand Robespierre entre, en cinquième, au grand collège parisien pour le début de l’année scolaire 1769-1770, il a onze ans. Il se rencontre là avec Camille Desmoulins, boursier du chapitre de Laon, et avec Tondu, futur ministre de la Guerre pendant la Révolution, boursier du chapitre de Noyon. Les deux demoiselles de Robespierre, Charlotte et Henriette, tandis que leur frère aîné est instruit aux frais de la grande abbaye artésienne, sont également boursières dans un pensionnat religieux ; et quand Maximilien quittera Paris après douze ans de séjour, sa pension d’étudiant sera transmise à son frère Augustin[1]. À Louis-le-Grand, le nombre des bourses est de six cents[2], de quoi le collège tire une rente de 450 000 livres ; et l’on n’imagine point, quelque vastes que fussent les bâtimens dont avaient été dépossédés les Pères Jésuites, comment la maison pouvait abriter tant de pensionnaires gratuits en même temps qu’un si grand nombre de payans : il semble bien que les premiers avaient la préférence ; les riches le cédaient aux pauvres et n’occupaient que les places laissées par ceux-ci disponibles.

Car les boursiers sont les rois du collège : ils sont en possession d’un titre qui oblige l’établissement à, les loger, à les nourrir, à les instruire, à les fournir de tout ce qui leur est nécessaire. Outre qu’ils forment la majorité des pensionnaires, l’autorité du principal est sur eux à peu près nulle : il ne peut expulser un boursier sans lui faire un procès devant un conseil composé de hauts dignitaires de l’Université, procès soumis par voie d’appel au Parlement de Paris[3] ! L’excédent des revenus du collège est employé en récompenses pour les boursiers : ils demeurent dans l’établissement et continuent à être entretenus par lui, leurs études terminées, tout le temps qu’ils suivent les cours des facultés de théologie, de médecine ou de droit, et quand ils regagnent enfin leur province ou se fixent à Paris, ils reçoivent encore, sur la caisse du pensionnat, une gratification

  1. J.-A. Paris, La Jeunesse de Robespierre, p. 20 et suiv.
  2. J.-A. Paris, La Jeunesse de Robespierre.
  3. J .-A. Paris, La Jeunesse de Robespierre, p. 26.