Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 44.djvu/451

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

casque à nasal. — Dès lors, le perfectionnement des armures reprend sans arrêt sa marche ascendante qu’avait seule interrompue la chute de la civilisation gréco-romaine. On voit d’abord, au XIIIe siècle la cotte aux souples mailles d’acier se réunir au casque par un passe-montagne maillé et dont l’ensemble forme le haubert. Le casque lui-même, devenu cylindrique, assemblé par des rivets et percé de trous, forme le heaume. — Au XIVe siècle, le heaume disparaît, remplacé par des casques plus arrondis, du type bassinet, munis d’une visière mobile et trouée ; des plaques protectrices des articulations placées aux épaules, aux genoux, apparaissent, complétées peu après par des armatures protectrices des mains, des pieds, du bassin, tandis que la cotte de mailles cède la place à l’armure pleine. — Tout cela s’alourdissant, se compliquant sans cesse aboutit finalement à l’armure défensive complète du temps de Charles VII. Le chevalier est alors enclos tout entier dans une carapace pesant environ 80 kilos qui le fait ressembler à un gigantesque scarabée et qui le rend à peu près invulnérable aux coups des armes blanches et des armes de jet à faible vitesse (arcs, arbalètes, etc.) jusque-là en usage. — Mais, toute médaille ayant son revers, le guerrier ainsi alourdi est à peu prés impotent ; il ne peut monter à cheval ou en descendre sans aide ; le coursier lui-même est gêné par l’armure dont on l’a, lui aussi, affublé. Ainsi équipé, le cavalier, lorsqu’il est désarçonné, est à la merci du premier vilain, du premier homme de pied venu qui, moins protégé et parlant plus mobile, aura vite fait de trouver les défauts de la cuirasse. Et ainsi la démonstration se faisait déjà, pour ainsi dire avant la lettre, que la mobilité, la vitesse, la légèreté, assurent à certains égards une sécurité supérieure à celle de l’armure la plus épaisse.

C’est alors que brusquement, en peu de temps, une révolution inattendue dans les armes offensives vint jeter bas tout cet échafaudage défensif, et rendre soudain inutiles tous les perfectionnemens que nous venons de passer en revue : c’est l’invention de la poudre à canon. — Grâce à celle-ci, on voit apparaître de nouvelles armes de jet, rapidement perfectionnées et dont les projectiles, balles et boulets sont, dès le début du XVIe siècle, capables de percer n’importe quelle armure. — L’évolution régressive des armes défensives est alors rapide. — L’adoption et la généralisation du pistolet dans la cavalerie, de l’arquebuse et du mousquet dans l’infanterie, obligent la cavalerie à abandonner la lance et à alléger ses armures. On abandonne d’abord le bouclier et les plaques de membres. Le casque