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mois, dans les grands quotidiens français et anglais, les statistiques, enfin, dignes de ce nom montrent qu’il s’en faut bien que la méthode inaugurée en février 1917 ait perdu son efficacité. Et si j’observe, une fois de plus, qu’il ne faut pas se contenter, pour juger sainement de cette question, de compter les bâtimens coulés qui battaient les pavillons des Alliés, mais qu’il faut absolument y ajouter les « cargos » et les voiliers des neutres, des neutres du Nord, en particulier [1], il me sera bien permis de rappeler qu’à deux reprises, au moins, nos ennemis ont réussi à obtenir les résultats qu’ils recherchent, en attaquant en plein jour des convois de Scandinaves et de Hollandais avec des navires de surface.

Mais ceci ne rentre pas précisément dans le cadre de l’étude actuelle. Pour ne pas m’en écarter davantage, je reviens à la double erreur dont je parlais tout à l’heure, la seconde étant que le sous-marin allemand a fait aujourd’hui à peu près tout le mal qu’il pouvait faire.

Ne nous laissons pas aller à cette illusion. Sans prétendre le moins du monde que l’on puisse annoncer d’avance ce qui va se passer, il est licite et il est même fort utile d’examiner quelles « possibilités » se présentent en ce moment à nos adversaires en ce qui touche l’utilisation de leurs navires de plongée.

J’insiste sur ce mot : possibilités. Dans l’étude qui va suivre, je recherche par quels moyens l’état-major naval de Berlin pourrait augmenter le rendement de ses grands sous-marins, et j’indique par quels autres nous parerions, le cas échéant, les coups qui nous seraient portés. Mais le cas écherra-t-il ? Ce n’est pas du tout certain. Le maximum de rendement est difficile à atteindre, dans la pratique.


Et d’abord, que reste-t-il à nos ennemis de leurs anciens sous-marins, combien en construisent-ils encore, et quelles sont les facultés de ces nouveaux submersibles ?

  1. Et aussi des Espagnols, depuis quelques semaines.
    Une statistique officielle danoise nous apprend que Danois et Norvégiens réunis ont perdu 1 274 000 tonnes depuis le début de la guerre. 55 navires disparus ne sont pas comptés dans cette évaluation du tonnage détruit par les Allemands. Fait intéressant et qui corrobore singulièrement tout ce que j’ai écrit ici sur cette question, 643 000 tonnes sur 1 274 000 ont été coulées dans la seule année 1917.