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« Les Allemands, disait, il y a quelques semaines, à la Chambre des Communes, Sir Eric Geddes, le premier lord de l’Amirauté [1], les Allemands coulent encore plus de navires que nous n’en construisons, et ils construisent plus de sous-marins que nous ne leur en coulons. »

Voilà qui est net et cette déclaration, dont personne ne pouvait contester l’autorité, a jeté, un moment, le trouble dans les rangs des optimistes de parti pris qui, pour des motifs très complexes, — il y en a quelques-uns qu’il vaut mieux taire, — se croient obligés de nier, contre toute évidence, l’efficacité actuelle de la guerre sous-marine [2].

Mais les termes lapidaires dont s’est servi le ministre britannique ne nous fournissent que des indications de relation, sans aucun chiffre précis.

Et il faut reconnaître qu’il n’est pas aisé, même en « recoupant » les unes par les autres les évaluations qui nous parviennent des neutres du Nord, de se faire une idée juste, tant des pertes totales subies par la flotte de plongée allemande que des gains que cette flotte a pu faire par des constructions, depuis le commencement d’août 1914, où son effectif s’élevait fort modestement à 27 ou 28 unités de valeur très inégale.

On admet toutefois qu’à la date du 1er janvier 1918, le nombre des submersibles allemands en service s’élevait à 75 ou 80 et, au total, à 130 environ [3]. A la même date, on supposait, avec quelque apparence de fondement, que les chantiers de l’Empire produisaient une unité de plongée par semaine, au moins, — toute réserve faite sur le déplacement ; maison affirmait que la destruction égalait la production, en quoi l’on n’était pas complètement d’accord avec les déclarations faites, en novembre 1917, par sir Eric Geddes.

  1. Saisissons l’occasion de rappeler que le premier lord de l’Amirauté (personnage civil et membre du Parlement depuis Gladstone) est exactement notre Ministre de la Marine. Le premier lord naval est notre chef d’état-major général. L’Amirauté comprend encore trois autres lords, qui jouent le rôle de directeurs des grands services.
  2. Il est juste de dire que, au début de février de la présente année, sir Eric Geddes a fait des déclarations assez rassurantes sur la situation, au moins en ce qui touche la marine anglaise et ses constructions.
  3. Il faut compter en effet, quand il s’agit des unités de plongée, avec de nombreuses causes d’indisponibilité, momentanée au moins. Les réparations sont fréquentes Les périodes de repos des équipages sont assez longues et le deviennent de plus en plus. Enfin la formation même des équipages commence à présenter des difficultés.