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de nos ingénieurs à la marine française, il y a une dizaine d’années. Ce projet devait se heurter à l’indifférence ordinaire, à certaines mauvaises volontés particulières, peut-être, en tout cas à l’incompréhension générale des caractères que devait affecter la guerre navale future, alors qu’on ne s’attachait qu’à la solution des problèmes relatifs à la guerre d’escadres.

En sera-t-il de même du grand sous-marin commercial ou « transport immersible » dont il est question en ce moment-ci ? Cette création qui apparaît si urgente quand on connaît certaines pertes récentes de matières relativement précieuses, pourra sans doute être soustraite à des influences retardatrices. Je ne fais allusion, ici, à cette importante affaire qu’en raison de la possibilité de l’adoption, — et depuis quelque temps déjà, — d’un type de ce genre par l’Office naval de Berlin.

Supposons un groupe composé de quatre croiseurs sons marins et d’un transport immersible de 8 000 à 10 000 tonnes [1] qui leur servirait de « noyau, » de base mobile, — ravitaillemens de toute sorte, réparations, réapprovisionnemens en engins et munitions, renforts en personnel, etc., — on peut affirmer que nos ennemis auraient ainsi réalisé une « unité tactique » vraiment forte, surtout si, au transport immersible exclusivement ravitailleur, venait s’en ajouter un autre qui porterait plusieurs centaines d’hommes outillés pour l’exécution de coups de main rapides et de destructions bien étudiées.

Ne doutons pas un instant, — et les Allemands nous en ont déjà administré la preuve, — que les navires de plongée jouissent de facultés particulièrement favorables aux opérations côtières, à celles du moins où la surprise fournit les plus sérieuses chances de succès. De ces facultés, nous saurons nous servir aussi bien que nos ennemis.


Nous avons essayé de déterminer, en même temps que la

  1. Ces chiffres peuvent paraître ambitieux, mais je puis affirmer que les diverses questions que soulève ici l’étude du grand transport immersible vont recevoir une solution satisfaisante. Des propositions ont été faites aux pouvoirs publics ; mais, d’une part, les bouleversemens qu’a subis dans ces derniers temps l’organisme marine marchande, de l’autre, les résistances assez naturelles, en somme, que l’on rencontre dans l’organisme marine de guerre contre tout ce qui n’est pas expressément instrument de combat ont un peu retardé les décisions indispensables. Observons enfin que le transport immersible peut justement devenir instrument de guerre, pour nous autant que pour nos adversaires.