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physionomie de la phase ultime de la guerre sous-marine, où les opérations de l’ordre militaire se combineront étroitement avec celles de l’ordre économique, les traits essentiels des engins grâce auxquels les Allemands comptent peut-être atteindre leurs très complexes objectifs. Examinons maintenant, avec la réserve nécessaire, par quels moyens les Alliés pourront se mettre en mesure de soutenir la lutte sans désavantage ; et supposons, bien entendu, puisque, jusqu’ici du moins [1], on ne semble pas disposé à faire autre chose que de la « défensive active, » qu’il s’agit toujours, dans les conseils des organismes maritimes officiels, de poursuivre et combattre les sous-marins ennemis au cours de leurs opérations en haute mer.

Qu’il soit nécessaire d’élever de plusieurs échelons la valeur des moyens de la défense pour répondre aux incontestables progrès des moyens de l’attaque, c’est ce que je ne m’arrête pas à démontrer. Aussi bien les organismes dont je viens de parler s’y sont-ils efforcés déjà, mais sans nul doute avec trop de timidité, desservis peut-être aussi par certaine insuffisance des capacités de la production industrielle, si « intensifiée, » cependant, depuis trois ans.

II semble que ce soit du côté de l’aviation maritime que cette insuffisance risque surtout de se révéler. On a pu, assez longtemps, contester l’efficacité des appareils aériens pour la découverte et la destruction des unités de plongée et, pour ma part, j’ai eu l’occasion de faire remarquer que cette efficacité restait « circonstancielle, » dépendant par exemple de la limpidité de l’eau, de la clarté de l’atmosphère, de la valeur de l’angle, — compté à partir de la verticale, — sous lequel le rayon visuel de l’observateur pouvait rencontrer la coque immergée, et de bien d’autres conditions encore. Mais outre qu’en fait, l’aéronef et l’aéroplane ont fait déjà leurs preuves dans toutes les opérations entreprises contre les sous-marins au voisinage des côtes, il n’est pas douteux que ces appareils ne dussent avoir des succès tout particuliers contre les grands navires de plongée, fort visibles probablement dans les eaux cristallines du large, n’était la considération de la capitale difficulté de découvrir précisément, en planant sur l’Océan

  1. Au moment où j’écris, toutefois, on apprend que les services de l’Amirauté britannique subissent une refonte qui a pour but avoué de donner un esprit nouveau à cette antique institution.