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immense, l’un des douze ou quinze croiseurs sous-marins, — il n’y en aurait guère plus, à la fois, — chargés par l’ennemi d’attaquer les convois de troupes et de matériel.

Difficulté capitale, dis-je, mais point insurmontable. Point insurmontable, tout d’abord, parce qu’il suffit ou semble suffire d’attacher à chaque convoi au moins une de ces « mères-gigognes » dont j’ai déjà parlé, parcs mobiles de plusieurs hydravions. Mais cette solution, théoriquement simple, ne laisse pas d’offrir des inconvéniens dans la pratique, puisqu’il y a, en somme, peu de ces bâtimens spéciaux et qu’il n’est pas aisé d’en créer « de fortune, » par l’adaptation de grands paquebots à un service qui exige des dispositions de superstructure, de ponts, d’œuvres mortes très particulières, surtout quand les appareils aériens doivent être de forte taille.

Tout compte fait, il est pourtant permis d’espérer que l’on arrivera de cette manière à fournir aux convois ce que j’appellerai la protection immédiate et rapprochée... pas trop rapprochée non plus, puisque la portée efficace des torpilles croît toujours et qu’un convoi, attaqué sous un certain angle, fournit une cible étendue et complaisante.

Mais ce n’est pas assez que cette protection immédiate et par cela même aléatoire. Parer les coups est bien. Les éviter est mieux, déjà. Mieux encore serait d’en écarter même la menace, par un emploi des engins de l’air beaucoup plus large que celui dont il était question tout à l’heure.

Pour bien comprendre comment on pourrait faire avec les appareils aériens, non plus seulement de la protection immédiate, mais de la protection lointaine, ayant pour objet général de créer aux convois des zones de sécurité, — sécurité toujours relative, bien entendu, et qui ne dispensera nullement de l’emploi des engins de protection immédiate, — il faut jeter les yeux sur un planisphère et les fixer sur les points, îles, groupes d’îles, saillans de la terre ferme, qui se trouvent les plus rapprochés des routes naturelles de la navigation entre les deux rives de l’Atlantique. On découvre ainsi que le faisceau de ces routes est encadré d’une manière presque complète par des points à terre qui en restent distans de 600 milles marins environ (1 100 kilomètres), points à terre qui appartiennent aux Alliés.

Tels, en partant du cap Hatteras, par exemple, le cap Cod ou le cap Sable, voisin d’Halifax (le grand port d’Acadie, si