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spécial, — 12 millimètres, dit-on, — sur la tôle ordinaire de bordé de superstructure, qui a de 9 à 11 millimètres, sans doute.

Mais les appareils aériens de grande taille et capables de faire des randonnées de 2 000 kilomètres, aller et retour compris, de leur base à terre au milieu de la zone ou « bande de mer » de sécurité, les avons-nous, ou plutôt les aurons-nous au moment du plus grand besoin, quand battra son plein le transport des masses américaines, c’est-à-dire à partir de l’été ou de l’automne prochain ? C’est à ce sujet que j’émettais un doute, tout à l’heure, quand je parlais de la révélation, d’ailleurs hypothétique et momentanée, de certaine insuffisance des capacités de production industrielle des Alliés. On se rappelle en effet, les promesses qu’on nous faisait, il y a quelques mois, en parlant des aéroplanes qu’allaient nous fournir les États-Unis : 30 000 appareils, disait-on, et quelques enthousiastes poussaient jusqu’à 100 000.

Or, il y a quelques semaines, un éminent publiciste américain, M. Whitney Warren, tenait un autre langage : « Quant aux cent mille aéroplanes, disait-il, je ne crois pas qu’à l’heure actuelle un seul d’entre eux [1] ait encore traversé les mers. Mes informations me conduisent à prétendre, au contraire, que c’est nous qui, pour les besoins de notre armée à venir, avons passé des commandes aux usines alliées... »

M. Whitney Warren ne s’en tient pas à ces constatations dont la bienfaisante franchise a ému ceux d’entre nous que sollicite une inconsciente tendance au « moindre effort. » Le clairvoyant Américain nous dit aussitôt ce qu’il faut faire, des deux côtés de l’Atlantique, pour venir rapidement et complètement à bout de nos difficultés. N’insistons donc pas davantage ; soyons bien convaincus que des conseils si judicieux seront suivis. Entre autres appareils aériens produits, soit en Amérique avec l’aide de la France sur certains points particuliers, soit en France avec le secours d’un personnel américain et au moyen d’objets de matériel ou d’outillage spéciaux [2], on verra planer dans

  1. Je crois savoir cependant qu’il nous est arrivé déjà des appareils américains en assez grand nombre.
  2. Ce personnel et cet outillage seraient surtout utiles en ce qui touche les réparations d’appareils sur le front. Il y aurait là, paraît-il, une certaine insuffisance de moyens qui entraîne des pertes assez sensibles d’appareils, de moteurs en particulier. Mais, ce point réglé, il restera plus de ressources pour construire les grands appareils nouveaux dans des usines à qui l’on demandera moins d’avions ordinaires.