Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 44.djvu/683

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vêtu de l’uniforme kaki des troupes américaines, il nous souhaite la bienvenue dans un petit parloir de couvent, qui sert de vestibule à l’hôpital, vieux bâtiment, construit en briques rouges, en pierres blanches, et qui fait songer aux béguinages décrits par les peintres de Bruges.

La Kommandantur avait fait maçonner, pour son usage exclusif, un poêle en pierres et en briques, dans une salle claire dont les vitres, bien lavées, laissent entrer à souhait la lumière.

— Nous allons utiliser ce poète boche, dit gaiement le docteur Baldwin, nous nous en servirons pour que les enfans français puissent avoir bien chaud pendant l’hiver…

En effet, ce coin de France est une place chaude, abritée, où reviennent, comme en un refuge, ceux que la mort menace et que la vie a meurtris. Dans la cour de l’hôpital, près de la grille d’entrée, au seuil d’un jardin étroit qui aligne ses buis et ses ifs taillés à la française, je vois un brave fantassin territorial et quelques citoyens de bonne volonté, qui déchargent une charretée de charbon. Il y aura des effluves de douce chaleur, tout l’hiver, dans les dortoirs où sont rangés les lits blancs et dans la salle de consultation qu’une main féminine égaya en disposant dans l’eau d’un vase de cristal un beau bouquet de roses blanches et de chrysanthèmes. Déjà plusieurs infirmières, vêtues de bleu et de blanc, sont à leur poste, auprès du docteur Baldwin. D’autres viendront en renfort ou pour faire la relève…

Tandis que tous les renseignemens nécessaires nous sont fournis avec une amicale allégresse, un véhicule automobile stoppe près de la grille, non loin de la charrette de charbon, à peu près déchargée. C’est la camionnette médicale du centre hospitalier de Nesle. Cette voiture est un dispensaire mobile, contenant une pharmacie portative, un appareil de douche à eau chaude, un outillage pour l’auscultation des enfans. Montée par un médecin consultant et par une infirmière expérimentée (a trained nurse), la camionnette de l’hôpital de Nesle visite régulièrement les communes du secteur Somme-Est. Elle est toujours sûre de trouver de nombreux cliens dans les vingt-neuf villages de cette circonscription.

En attendant que cette installation soit complétée dans toutes ses parties, on travaille, avec un grand désir de perfection, à l’aménagement du pavillon principal, qui s’appelle déjà, par la volonté de nos amis américains, le « pavillon Joffre. »