aurez vos 500 francs... » Comme c’est connaître Musset que de croire qu’il eût plié sous un tel joug, lui, cet ombrageux, ce hautain, ce casseur, et cet indépendant jusqu’à la sauvagerie ! Le secret de l’influence de Buloz fut, au contraire, dans cette sollicitude et cette absolue confiance, manifestées dès l’origine. Ce rude homme savait, au besoin, être un brave homme [1]. »
Musset disait de F. Buloz : « Il a respecté ma vocation. Ces choses-là ne s’oublient point ; » et ses dettes (Dieu sait s’il en avait !) il ne consentait pas à ce que sa Muse les payât. F. Buloz eut le tact de lui « venir en aide, en lui laissant comprendre que tout se réglerait entre eux au petit bonheur, » et « comme il plairait à la vocation. » Bref, comme il avait été l’enfant gâté du Cénacle, il fut l’enfant gâté de la Revue.
Souvent, de bonne heure, F. Buloz recevait du poète des poulets de ce genre :
« Mon cher ami, vous m’avez proposé hier de m’envoyer quelque chose ; aujourd’hui, le pouvez-vous ?
« Votre très panier percé serviteur.
« A. DE MUSSET. »
« Je vous envoie ma cuisinière parce que mon gnome a un coup de poing sur l’œil. »
De tels billets, j’en possède en quantité. En voici quelques-uns qu’on lira avec plaisir : ils sont spirituels et amers, et gamins aussi, comme l’était si souvent Cœlio :
« Mon cher ami,
« Je suis gai ce matin comme une potée de cadavres : vous est-il possible de me donner cent francs pour me débarrasser d’une affaire très ennuyeuse, et passablement dégoûtante ? Ce serait un vrai service d’ami que vous me rendriez. Je vous dirai, à vous, quand je vous verrai, quelle (sic) est le sot ennui qui me décide à vous importuner ainsi, à mon grand regret [2].., »
Et encore :