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lieu, dans les premiers jours de janvier, au Nord de Péronne, à Bapaume, que les Allemands évacuèrent. Mais Péronne se rendit, et l’ennemi, maître d’Amiens, de Péronne et de Saint-Quentin, se trouva tenir toute la ligne de la Somme, qu’il organisa, couvrant ainsi au Nord l’armée de Paris.

Toutes ces manœuvres rappellent singulièrement la guerre actuelle. Les Allemands ont suivi encore en 1918 l’axe de marche de Manteuffel par Roye et Montdidier et la grande attaque du 30 mars était faite pour atteindre Amiens par le Sud. A l’heure même où l’on imprime ces lignes, ils essayent de déboucher d’Albert en direction de l’Hallue, ce qui est exactement l’opération de Faidherbe.


II

A l’automne de 1914, le front s’était établi à cheval sur la Somme, les Français face à l’Est, les Allemands face à l’Ouest. Au Nord, Arras, occupé par le général de Maud’huy, était resté entre nos mains. Au centre, immédiatement au Nord de la Somme, un combat avait été livré par les quatre divisions territoriales réunies en groupe sous le commandement du général Brugère, et qui couvraient à distance les débarquemens de la IIe armée. Ces divisions, qui venaient d’Amiens, se trouvaient à peu près sur l’alignement Bapaume-Péronne. Le 26 septembre 1914, elles attaquèrent le corps Marwitz qui, soutenu par de l’infanterie, défilait devant elles, en marchant au Sud et en présentant le flanc droit. L’affaire fut très vive et plus qu’honorable pour les territoriaux qui se mesuraient avec de très belles troupes actives. La division de gauche gagna du terrain ; la division de droite, qui avait dû en céder, fut opportunément soutenue par une division tenue en réserve générale, et qui rétablit le combat ; enfin, la quatrième division se porta par l’extrême-gauche sur les derrières de l’ennemi. Quoique la journée eût été heureuse, le commandement trouva que la position était trop en flèche, et l’ordre fut donné au commandant du groupe de ramener les territoriaux derrière l’Ancre, à l’alignement général, et ils y tinrent le front, par Hébuterne, jusqu’au 22 octobre 1914, où le groupe fut dissous. Au Sud, les trois points d’appui de Chaulnes, de Roye et de Lassigny appartenaient à l’ennemi, mais n’avaient pu être dépassés