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vers le Nord, on rencontre les deux villages de la Boisselle et d’Ovillers. Ils résistèrent.

La Gazette de Francfort du 25 juillet a publié un récit du combat d’Ovillers. Le front devant ce village était tenu par un régiment souabe, qui avait pris les tranchées en juin, et qui resta engagé quinze jours dans la bataille. Il avait à sa droite la cote 141 au Sud de Thiepval, à sa gauche la Boisselle et, à 3 kilomètres plus loin, le tournant de Fricourt. Devant lui, les Anglais occupaient le bois d’Authuille. Il eut d’abord à supporter, depuis le 24 juin, le bombardement préparatoire, méthodiquement réparti sur les trois premières tranchées, et en arrière sur les communications et les cantonnemens. Les Anglais avaient là, outre l’artillerie légère, du 240 et du 380 ; trois batteries étaient visibles, derrière leur troisième ligne, dans le bois d’Authuille. Les torpilles bouleversaient les tranchées, mais les pertes causées par le bombardement, au dire des Allemands, furent peu de chose. Les émissions de gaz qui précédèrent l’action ne firent pas un plus grand mal : le régiment n’aurait eu que deux morts.

Le 1er juillet, à sept heures trente du matin, les Anglais donnèrent l’assaut. Les Souabes repoussèrent quatre assauts, reprirent à sept heures trente-cinq du soir un élément de tranchée qu’ils avaient perdu, et soulagèrent, en formant un crochet sur leur droite, le régiment voisin qui avait été enfoncé. Le 2 juillet fut tranquille. Le 3, à trois heures quinze du matin, les Anglais recommencent le tir d’efficacité, et à quatre heures trente, un bataillon se précipite sur le front tenu par trois compagnies et demie ; il arrive à cinq heures trente jusqu’à la troisième tranchée. Mais il a omis de nettoyer les deux premières. Les Allemands qui y étaient tapis ouvrent le feu sur les soutiens anglais qui arrivaient sans défiance et qui refluent. Le bataillon de tête, qui avait atteint le village d’Ovillers, se trouve coupé de ses lignes. Il se retranche, met deux mitrailleuses dans l’église, et se défend jusqu’à sept heures du matin. A ce moment, Ovillers est de nouveau aux mains des Allemands.

Mais si Ovillers et la Boisselle tinrent bon le 1er juillet, les troupes britanniques pénétrèrent profondément dans les lignes allemandes des deux côtés de ces forteresses, préparant la conquête future. Au nord d’Ovillers, sur l’éperon au sud de Thiepval, la ligne ennemie faisait un saillant baptisé saillant de