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Leipzig. Il fut emporté, et un combat acharné s’engagea pour la possession du village et de ses défenses. « Là et au Nord de la vallée de l’Ancre jusqu’à Serre, ajoute sir Douglas Haig, nos succès initiaux ne furent pas maintenus. D’étonnans progrès furent faits sur beaucoup de points, et des détachemens pénétrèrent dans les positions ennemies (sur l’Ancre) jusqu’aux défenses extérieures de Grandcourt, et aussi au bois dit Pendant Copse et à Serre. Mais l’ennemi, qui tenait à Thiepval et à Beaumont-Hamel, rendait impossible l’arrivée des renforts et des munitions, et en dépit de leurs vaillants efforts nos troupes furent contraintes de rentrer la nuit dans leurs lignes. L’attaque secondaire sur Gommécourt s’était aussi frayé un chemin dans les positions ennemies ; mais elle avait rencontré une résistance si vigoureuse que, dès que cette attaque fut considérée comme ayant rempli sa mission, les troupes furent repliées. »

Ces événemens du premier jour, c’est-à-dire le succès à la droite et l’échec à la gauche eurent une grande conséquence. Sir Douglas Haig nous dit en effet qu’en raison de cette situation, il décida de pousser l’attaque par sa droite depuis l’extrémité de celle-ci jusqu’à un point situé à mi-chemin entre la Boisselle et Contalmaison, — tandis que la gauche, de la Boisselle à l’Ancre, se bornerait à un progrès lent et méthodique. Au nord de l’Ancre, on recommencerait la préparation d’artillerie dans le double dessein et de fixer l’ennemi, et de rendre possible une nouvelle attaque en temps opportun. — L’attaque de la droite, depuis Contalmaison jusqu’au contact avec les Français, restait confiée au général Rawlinson. Mais ses deux corps de gauche sur le front la Boisselle-Serre passaient sous le commandement du général sir Hubert de la P. Gough. Plus exactement, celui-ci recevait le commandement de deux corps frais, qui relevèrent les engagés, le Ve au Nord de l’Ancre, et le 1er Anzac de l’Ancre à la Boisselle. Les instructions du général Gough étaient de maintenir une forte pression sur le front qui lui était confié, de façon à former pivot de manœuvre, tandis que sir Henry Rawlinson, à sa droite, progresserait vers le Nord.

La lutte continua les jours suivans. Le 2 juillet, à midi, Fricourt, entouré de trois côtés, fut pris. Ce village, tel que je l’ai vu pendant la bataille, avait l’aspect d’une carrière de pierres et s’appuyait au fantôme d’un bois. Ce bois fut lui-même enlevé dans l’après-midi, ainsi qu’une ferme située au Nord.