Page:Revue des Deux Mondes - 1918 - tome 44.djvu/943

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

militaire sont propulsées par la réaction d’une charge de poudre qui brûle et fuse à l’arrière de l’engin. Certains ont supposé que la vitesse de l’obus lancé des lignes allemandes pourrait être en partie conservée grâce à un dispositif de ce genre placé à la partie arrière. Mais, outre que la dispersion des coups serait certainement très grande dans cette hypothèse, la reconstitution des projectiles effectivement tombés sur Paris, qui a pu être faite au moyen des fragmens recueillis, prouve qu’effectivement l’obus a un culot plat et ne comportant aucun dispositif de cette sorte.

Cette reconstitution prouve qu’il faut également éliminer l’hypothèse de l’obus autopropulseur, sorte de torpille aérienne automotrice. La grande vitesse de translation de l’engin est d’ailleurs incompatible avec cette hypothèse. Je n’insiste pas sur d’autres imaginations encore beaucoup moins sérieuses.

Il reste donc finalement que les obus tombés sur la région parisienne sont réellement lancés par un canon du même calibre que lui et placé dans les lignes ennemis. Ce calibre, d’après les constatations faites, paraît être d’ailleurs de 210 millimètres et non de 240, comme on l’avait annoncé tout d’abord.

Si nous quittons le domaine de ces hypothèses un peu fantaisistes, nous pouvons sur des données plus fermes essayer maintenant de reconstituer la réalité.

S’il n’y avait pas d’atmosphère autour de ce petit boulet, qui s’appelle la terre, et auquel le canon de la gravité imprime sa trajectoire elliptique, tirer à 120 kilomètres de distance ne serait depuis longtemps qu’un jeu. En effet, on peut calculer facilement les portées - de tous les canons, elles seraient fort multipliées s’il n’y avait pas la résistance de l’air. En ce cas, ces portées dépendraient uniquement de la vitesse initiale des obus, quels que soient leur poids et leur forme, et de l’angle de tir. La portée aurait sa plus grande valeur quand cet angle serait égal à 45°,et je puis indiquer un moyen mnémonique simple de savoir quelle serait alors la portée maxima correspondant à n’importe quelle vitesse initiale : la portée maxima, en l’absence d’air, est à peu près donnée en kilomètres par le carré de la vitesse initiale exprimée en hectomètres. Ainsi pour une vitesse initiale de 600 mètres, couramment réalisée, cette portée serait de 36 kilomètres ; elle serait de 28 kilomètres (le triple de la réalité) pour la vitesse initiale du 75, de 81 kilomètres pour la vitesse initiale de 900 mètres fréquemment réalisée dans les grosses pièces de marine, de 144 kilomètres pour la vitesse initiale de 1 200 mètres à la seconde qu’on a