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ceinture qui limite habituellement les pressions initiales admissibles) est mieux assuré sur sa trajectoire à la sortie et par conséquent n’a pas sur celle-ci les mouvemens d’oscillation qui, dans les tirs ordinaires, augmentent beaucoup la résistance de l’air et, partant, réduisent la portée.

Il convient d’ailleurs de remarquer que le canon qui lance ce projectile doit en conséquence, et contrairement aux canons ordinaires, avoir une rayure intérieure de pas uniforme.

Ces heureuses dispositions doivent évidemment compenser largement les effets aggravans que le calibre assez réduit de 210 millimètres doit avoir sur la résistance de l’air dans la première partie de la trajectoire.

La petitesse du volume et du poids de ce projectile, la petitesse de sa longueur dont certains se sont étonnés, a d’ailleurs un gros avantage sur lequel l’attention a été attirée par M. Georges Claude, dont les brillantes qualités de finesse scientifique se sont à nouveau manifestées à propos de ce problème : le projectile étant moins lourd, une même pression lui communique une vitesse initiale bien plus grande. Il perdrait en revanche, il est vrai, plus rapidement cette vitesse, mais son arrivée rapide dans les couches où la résistance aérienne s’évanouit ne lui en laisse guère le temps. M. Georges Claude estime comme moi qu’une vitesse initiale de l’ordre de 1 300 mètres par seconde doit suffire dans ces conditions pour expliquer les portées observées.

Enfin, il a pensé que, précisément dans le dessein de faire gagner plus vite à l’obus les couches aériennes élevées, les Allemands avaient dû le tirer sous un angle supérieur à 45°, sachant que la perte théorique de portée ainsi produite serait pratiquement compensée, et au delà, par la conservation de la vitesse au sommet de la trajectoire. Effectivement, dans le journal allemand que nous avons cité, le général Rohne indique que l’angle de tir utilisé est de 55°. — Ceci encore, quoique réel, est contraire aux prévisions de la balistique classique, je veux dire de la balistique des couches basses de l’atmosphère, qui exige (et avec raison) que dans l’air homogène l’angle de tir correspondant à la portée maxima soit inférieur à sa valeur théorique dans le vide, qui est de 45°.

Quelques remarques, pour terminer, sur l’efficacité des obus qui tombent sur la région parisienne. Il est certainement établi que, toutes choses égales d’ailleurs, ces projectiles sont bien moins efficaces que la moindre bombe d’avions (à des exceptions près,