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M. LLOYD GEORGE


I

La France vient d’observer avec une attention passionnée la campagne électorale par laquelle la Grande-Bretagne a inauguré la reprise de la vie pacifique.

Le premier ministre M. Lloyd George avait voulu que cette consultation nationale fût aussi prompte que possible, dédaignant de se remettre à une tâche nouvelle sans mandat nouveau. Mais sa personnalité a toujours soulevé des passions, et la guerre les avait enfiévrées. Ses adversaires, d’abord décontenancés par la rapidité de sa décision, ont eu le temps de se ressaisir, et la lutte a été ardente. Malgré les informations fragmentaires de notre presse, nous en avons suivi les vicissitudes comme s’il s’était agi de nos propres affaires : ce n’était pas indiscrétion à l’égard de la politique intérieure de nos amis, mais affectueux intérêt. Les deux peuples sont désormais si unis que ce qui arrive à l’un, l’autre croit que c’est à lui-même. La France, dans son cœur, avait aussi voté.

Lloyd George, en effet, n’est pas seulement célèbre chez nous, il est populaire.

Au dernier conseil de Versailles, il est venu discuter les conditions de l’armistice. Seul de tous les grands chefs présents, il avait eu à discuter aussi, en 1914, des conditions de la guerre. Il en résume l’esprit et, de la première à la dernière heure, la durée. C’est pourquoi les foules ont acclamé au passage son chapeau mou, sa rude moustache et son salut de camarade. Ceux qui l’ont approché davantage ont admiré sa vivacité si peu britannique, son geste lumineux qui dispense