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de ce genre, parfois très sévères. Il suffit de rappeler la loi de 1907 aux États-Unis, qui écarte toute une série d’indésirables, parmi lesquels les tuberculeux ; la loi australienne qui exige même une dictée correcte de cinquante mots dans une langue européenne ; l’Aliens Act de 1906 en Grande-Bretagne, etc. En France, la prévision de l’après-guerre a amené des projets de loi qui proposent d’imposer : d’abord une surveillance sévère à l’entrée pour écarter tous les éléments de trouble ou de contagion ; puis un stage d’observation et de surveillance durant deux années, pendant lequel l’expulsion d’un indésirable pourrait être immédiate. En même temps, on y a inséré, pour répondre aux préoccupations ouvrières, l’obligation pour les patrons de ne pas traiter les étrangers, à condition de valeur égale, sur un pied inférieur à celui des Français. Cette assimilation, très rationnelle dans son objet, ne saurait être une égalité, mais une équivalence, et elle ne laisse pas de présenter quelques difficultés d’application ; surtout quand, ainsi qu’il arrive pour nombre de travailleurs exotiques, l’étranger ne donne guère que la moitié ou les deux tiers du travail utile fourni par un Français. Elle est cependant acceptable si les litiges qui en résulteront sont soumis, non à une administration, mais à un tribunal.

Actuellement, le décret du 21 avril 1917 impose une série de règles, parfois insuffisantes (notamment quand il s’agit de l’hygiène), dont beaucoup seront-à conserver dans l’après-guerre : carte d’identité et de circulation ; défense de se déplacer sans autorisation spéciale ; renvoi au pays d’origine de ceux qui refusent un nouvel emploi proposé, ou qui changent trop souvent d’établissement, etc.

Mais il ne suffit pas de légiférer sur l’introduction de la main-d’œuvre étrangère ; cette main-d’œuvre, il faut d’abord se la procurer. Quels sont les pays auxquels nous pourrons nous adresser pour en obtenir ce concours ? Ce sont ceux où il existe déjà un courant d’émigration tenant à l’excès de population ou à la misère. En Europe, on peut penser à l’Italie, à l’Espagne, à la Belgique, à la Pologne, à l’Irlande : en Afrique, à la Tunisie, à la Kabylie, au Maroc, à Madagascar ou au Soudan ; en Asie, à l’Indochine et à la Chine. Parcourons rapidement ces pays dans l’ordre où nous venons de les énumérer.

L’Italie est, depuis longtemps, une grande ressource pour