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beaucoup d’hommes, mais que ses malheurs récents vont forcer à se concentrer sur elle-même et sur un effort intense de résurrection. La Pologne, aussi bien dans sa partie russe que dans la zone autrichienne, était un pays de forte émigration, où nous commencions un peu à puiser, mais où nous avions été tellement devancés par les Allemands, voisins immédiats, que nous obtenions seulement des éléments inférieurs. On considère qu’il en part chaque année pour les Etats-Unis environ 150 000 Polonais qui s’y établissent et y constituent une population actuelle d’un million d’âmes. Une partie de cette émigration pourrait être attirée en France.

La main-d’œuvre exotique, à laquelle nous passons, peut être empruntée à l’Afrique où à l’Asie. En Afrique, les principaux types de peuples auxquels nous avons déjà eu recours sont les Africains du Nord (Tunisiens, Kabyles et Marocains), les Malgaches et les nègres.

La main-d’œuvre Nord-Africaine est celle à laquelle nous pensons le plus naturellement, puisqu’elle est française. Nous l’avons utilisée depuis la guerre et l’on a parfois édifié sur elle de grandes espérances pour l’après-guerre ; mais, à l’examen, ces espoirs paraissent fort exagérés : d’abord parce que les hommes utilisables sont en nombre restreint ; ensuite, parce que le développement de nos possessions africaines en exige un nombre croissant.

Cette remarque s’applique particulièrement à la Tunisie. Mais la Tunisie est faiblement peuplée. Le chiffre officiel de 2 millions d’indigènes doit, paraît-il, être réduit à 1 700 000. En outre, le pays est en plein développement agricole et minier et se voit lui-même, dès à présent, contraint d’importer en grand nombre des Italiens, des Kabyles ou des Marocains, que les grandes entreprises ont déjà peine à se procurer : surtout depuis que le gouvernement italien a interdit, en 1917, la sortie des Tripolitains.

On peut puiser davantage, quoique encore en faible proportion, chez les Kabyles et les Marocains. Les uns et les autres sont vigoureux, travailleurs et avides d’argent : ce qui permet de les attirer progressivement par l’exemple de leurs camarades rentrant au logis avec des économies. Au contraire, les autres Arabes algériens, qui s’étaient enrôlés en petit nombre pour venir travailler dans nos établissements militaires, se