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LES OTAGES CIVILS
DANS
LES CAMPS DE REPRÉSAILLES

Par une coïncidence qui n’est pas due au seul hasard, les Allemands ont perpétré leurs crimes les plus abominables aux anniversaires des fêtes familiales : à Pâques 1916, c’est l’enlèvement des jeunes filles ; au jour de l’an 1918, c’est la déportation des « otages » masculins vers les camps de représailles de la Russie.

Au cours du mois de décembre 1917, le bruit commença à circuler en pays occupé que les Allemands allaient prendre des otages afin de se faire rendre 72 fonctionnaires Alsaciens-Lorrains retenus en France et qui y subissaient des traitements qualifiés de rigoureux.

Comme nous l’avons fait pour les « otages féminins de Lille [1], » c’est d’après le « journal » d’un de ces malheureux que nous allons retracer la douloureuse odyssée.


« Le 1er janvier 1918, écrit M. G..., on me remet l’avis d’avoir à me trouver à trois heures, rue de Pas, chez le capitaine Himmel... » Aucune raison n’est donnée pour motiver cet ordre si semblable à tant d’autres, reçus antérieurement, que M. G... ne s’inquiète nullement ; aussi sa stupéfaction est-elle grande, arrivé rue de Pas, dans la cour couverte d’une épaisse couche de neige, de reconnaître une trentaine de ses concitoyens, tous des notables.

  1. Voir la Revue du 1er décembre 1918.