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coups ont porté juste ; mais il n’y avait, derrière ces blocs de pierre, rien, ni personne…, si ce n’est le drapeau de la Croix-Rouge, qu’ils prennent décidément pour une cible.

Quant au drapeau blanc, il était enlevé depuis le dimanche 13, au matin[1].

Et, si la grosse artillerie, « qui avait reçu l’ordre de détruire la Cathédrale, » n’a pas donné, d’où peuvent donc bien venir ces énormes éclats d’obus de marine, ces gros obus de rupture, de 210, que nous avons ramassés sur place ?

Le 22, l’agence Wolff rejette toute la faute sur les Français « qui avaient posté leurs canons aux a abords de la Cathédrale et commencé le feu[2]. »

Le 26, ému, gêné plutôt par le cri de stupeur et de colère qui monta, de tous les points du globe, vers l’Allemagne, comme une malédiction, le chancelier de l’Empire tentait d’atténuer l’impression par une note de son ambassadeur au gouvernement espagnol :


À cause de la bonne observation qui se faisait du haut de la cathédrale, notre infanterie eut de telles pertes que le bombardement devint inévitable. Comme le bombardement de ce point d’observation par l’artillerie légère ne produisit pas l’effet désiré, l’État-major allemand se vit obligé, à son grand regret, de tirer un coup de mortier après lequel le feu fut arrêté !


Le communiqué allemand du 14 octobre est agressif. Il prépare l’opinion, par le mensonge toujours, aux bombardements successifs de la seconde quinzaine d’octobre :


Les Français ont installé deux batteries d’artillerie lourde tout près de la cathédrale de Reims. On a constaté en outre que, sur une des tours de cet édifice, on faisait des signaux lumineux. Il est bien entendu que nos troupes devront prendre les mesures nécessaires pour assurer leur défense, sans se préoccuper de la cathédrale… Les Français seront donc responsables, aujourd’hui comme avant, d’un nouveau bombardement de la cathédrale.


C’est le mensonge à jet continu.

Les Rémois pourraient dire qu’ils ne savent ce qui se passe

  1. Il avait été descendu par M. l’abbé Dage et M. Guédet.
  2. Communiqué de la guerre. Note à l’ambassade d’Espagne. (Information du Handelstagges.)