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discute la question des villes saccagées, particulièrement Reims et Louvain.

L’auteur, un théologien, le docteur J. Sauer, y reprend toute l’affaire de la Cathédrale. C’est une réédition du fameux Rapport ministériel. Il en reproduit toutes les faussetés, il en adopte toutes les conclusions, mais il y mêle des commentaires et des raisonnements dont je veux souligner les plus osés.

Il se perd d’abord en considérations sans fin, il accumule des textes pour établir que les édifices religieux, en temps de guerre, n’ont droit à la protection, selon le paragraphe 27 du Règlement de la Haye, « qu’à la condition de n’être point employés à des buts militaires ; » et il nous accuse « d’avoir escompté froidement leur sentimentalité romantique à l’égard des Arts » en abritant dans nos églises, et, dans le cas présent, à la Cathédrale, postes d’observation, projecteurs et mitrailleuses.


Ils espéraient sans doute, dit-il, que nous chargerions nos canons avec des boulets en laine et nos fusils avec des balles en coton (p. 185).


Ces longues dissertations sont inutiles. Personne ne discute le principe. Nous ne contestons pas le principe, mais le fait. Et, quoi qu’ils en disent, en dépit de leurs dénégations, ils ont bombardé et incendié la Cathédrale, alors « qu’elle n’était pas employée à des buts militaires. »

Tout est là. Il n’y a pas d’autre question.


L’histoire du bombardement s’écrit ainsi : « Déjà, lors du bombardement général de la ville, le 18 septembre, le projectile égaré d’un obusier de 15 centimètres avait atteint la toiture de la Cathédrale et causé des dégâts à quelques frontons » (p. 217).


Dans la matinée du 19, les alentours immédiats de la basilique, où de grands rassemblements de troupes avaient été constatés, furent bombardés par notre artillerie. Le tir par shrapnells contre le poste d’observation de la tour Nord n’ayant pas donné de résultats suffisants, un mortier y lança, à midi, un projectile qui atteignit la tour de droite. C’est le seul cas où la Cathédrale elle-même a été prise pour objectif n (p. 218).

Dans l’après-midi, l’échafaudage commença à brûler, par l’incendie