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des maisons voisines, suppose notre commandement en chef, par l’éclatement direct d’un obus incendiaire, prétend la narration française. En admettant cette dernière hypothèse, le projectile en question était destiné à un autre but, puisqu’il est constaté que, ce jour-là, aucun coup, autre que le coup de mortier, ne fut tiré contre la Cathédrale.

Enfin, « après le premier bombardement (celui du 19), le 22 ou le 23 septembre (p. 218), un obus destiné à une batterie établie en arrière de la Cathédrale, atteignit, non intentionnellement, la toiture brûlée de celle-ci, sans qu’il y eût faute de pointages. Le ministère de la Guerre conteste avec énergie, tout autre bombardement direct et volontaire de la Cathédrale. Si d’autres projectiles atteignirent encore l’édifice, ce fut un pur effet du hasard. » (p. 220.)


Et c’est tout. Il n’est plus question du bombardement.

Donc, tout compte fait, pour ceux qui lisent ce gros livre de 490 pages, publié fin novembre 1915, et destiné à rectifier l’histoire chez les Neutres, la Cathédrale a reçu tout au plus quatre obus ; le 18 septembre, un obus égaré ; le 19, le vrai, l’officiel, l’unique qui lui fut envoyé délibérément avec affectation spéciale ; un troisième peut-être, dans la soirée, très hypothétique, qui visait en tout cas un autre but ; et enfin, le 22 ou le 23, un quatrième qui se serait encore trompé de chemin.

Que si, depuis, d’autres avaient pris la même voie, « le ministère de la Guerre en donne sa parole, c’est pur effet du hasard. »

Or, le vendredi 18, — après les trois de la veille, — ce n’est pas un, mais treize qui ont frappé la Cathédrale ; le lendemain, alors que les alentours immédiats étaient absolument déserts, sans le moindre rassemblement de troupes, nous en notons vingt-cinq au moins ; et le 24 il y en eut trois. Quant à ceux qui suivirent, « par un pur effet du hasard, » ils sont exactement, 5 la fin de novembre 191o, au nombre de 48.

Et pourtant, ils nous l’ont assez répété, « le tir de leurs batteries est merveilleusement précis. »

Il faut qu’ils sentent bien vivement le besoin de plaider les circonstances atténuantes, pour descendre à d’aussi misérables excuses !

Le professeur Sauer adopte la thèse de l’incendie par les maisons voisines, avec une sage réserve, toutefois : « l’échafaudage