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organisé l’expédition contre la veuve du général Cervoni, laquelle, la première, en avril 1815, avait arboré le drapeau tricolore sur sa maison. Repoussé une première fois avec sa troupe de deux cents hommes, il était revenu à la charge avec quatre cents hommes de renfort. Mme Cervoni, n’ayant plus de munitions à distribuer à ses défenseurs, avait dû abandonner sa maison qui, après avoir été pillée de fond en comble, avait été incendiée. Sur l’annonce du retour de l’Empereur, Galloni avait gagné le continent, d’où il revenait « en suite des ordres de M. le général de Bruslart. » « Sa première expédition, dit le général Simon, fut l’assassinat de M. Stéphanini, frère du sous-préfet de Bastia, commandant de la place de Saint-Florent, et le pillage des magasins de la place, laquelle n’avait pas de garnison : 30 000 cartouches, douze à quinze barils de poudre, environ soixante quintaux métriques de farine et quelques milliers de rations de biscuits furent enlevés en moins de deux jours… Un homme fut assassiné dans la commune de Polasco ; le courrier fut tué sur la route de Corte à Bastia ; le maire de Cazussala, deux autres particuliers, plusieurs gendarmes furent massacrés, et les magasins de l’ile Rousse furent mis au pillage. » Le préfet Giubega entra en Balagne avec une forte colonne pour rétablir l’ordre, mais, sur la nouvelle que Louis XVIII était remonté sur le trône, il se retira à Corte, et de là à Ajaccio. Le 29, le général Simon fit arborer le drapeau blanc, et proclama de nouveau le roi de France. Le soir du même jour, sa maison fut assaillie ; on voulut exiger qu’il livrât la citadelle et le donjon ; les gendarmes qui venaient à son secours furent désarmés et durent rentrer à leur caserne ; les menaces les plus odieuses lui furent adressées, et ce fut à grand’peine qu’avec sa famille il put gagner le brick le Faune.

Galloni avait mené toute cette affaire ; ce fut lui qui, « trouvant la Corse livrée à l’anarchie par le manque de chefs, pensa qu’il était urgent d’en désigner[1], et son choix tomba sur le colonel d’artillerie Verrier, comme le plus élevé et le plus ancien en grade[2]. » Il ne manqua point de s’imposer au

  1. Mémoire inédit de Galloni.
  2. Verrier que Macirone devait, à son langage, prendre pour un vieil émigré, était né en 1773. Élève d’artillerie en 1793, lieutenant en l’an II, capitaine en l’an vu, chef de bataillon en l’an XIII, major en 1811, colonel en 1812 il avait fait toute sa carrière au service de la Révolution ; il était alors directeur de l’artillerie de l’Ile.