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LA RECONSTRUCTION
DE
L’EUROPE ORIENTALE

« Et maintenant il faut recoudre. » Le mot fameux de Catherine de Médicis devrait devenir, après l’éclatante victoire de leurs armes, la maxime directrice de la politique des Alliés.

Aussitôt que la guerre eut brisé les cadres dynastiques, militaires et gouvernementaux des anciens Etats fondés sur le principe féodal que la personne du souverain est le lien vivant des peuples et qu’à lui seul appartiennent tous les droits, la vertu toute-puissante du principe démocratique que les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes, pourvu qu’ils soient en mesure de constituer un Etat capable de civilisation et d’ordre, fît éclater les vieilles monarchies et ne laissa plus, à leur place, qu’une poussière de nationalités, petites ou grandes, occupées, dans le fracas des batailles finissantes, à rompre tous les vieux liens pour achever leur émancipation. Chacune d’elles fait diligence pour tracer, aussi loin et aussi profond que possible, le fossé qui la séparera de ses voisines, pour formuler au maximum ses revendications et grouper tous les éléments qui se réclament d’une même nationalité, afin d’en bâtir un Etat fondé sur le consentement libre et spontané de tous ceux qui seront appelés à y entrer. Il était naturel que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes produisît d’abord un phénomène général de désagrégation, de fragmentation.

Mais, pas plus que l’individu humain, l’individu nation ne vit seulement de liberté. Les nations, si justement attachées