Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Phaéton, exécuté par la troupe, venue de Paris, de l’Académie de musique, et dédié au Roi en ces termes : « Ce n’est pas seulement une musique de ma composition que je vous offre, mais aussi une nombreuse Académie de musiciens que je vous présente. Vous m’avez permis de la former. Je me suis appliqué à l’instruire et, après l’avoir fait exercer devant le peuple de la plus florissante ville du monde, j’ai enfin la satisfaction de voir que le plus grand Roi qui fut jamais ne la juge pas indigne de paraître devant lui. » Au printemps de 1684, des fragments d’Amadis sont joués chez la Dauphine, en concert, « sans danse et sans habits. » Dans les premiers jours de janvier 1685, représentation de Roland, au manège de la grande écurie. En mars, Amadis encore. « Le Roi le trouva fort beau [1]. » Enfin, si l’Armide, en 1686, est donnée à Paris d’abord, et non point à Versailles, c’est au mauvais état des finances qu’un tel manquement à l’ordre habituel et protocolaire doit être attribué.

Mais voici que le Roi commence à pencher vers la dévotion. Les musiciens aussitôt de suivre l’inclination du maître. C’est le temps des grandes compositions religieuses de Lulli : de son De Profondis (1683) et de son Quare fremuerunt, exécuté à Ténèbres, le jeudi saint 19 avril 1683. Un recueil, publié en 1684, « rassemble des motets de du Mont, de Robert et de Lulli, » et fut gravé par « exprès Commandement du roi, » afin de constituer le répertoire de la chapelle de Versailles [2]. » Une autre collection, formée par l’aîné des Philidor quelques années plus tard, (Versailles, 1697), comprend un certain nombre de « motets de MM. de La Lande, Mathan, Marchand l’aîné, Couperin et Dubuisson, qui servent dans les départs de Sa Majesté de Versailles à Fontainebleau et de Fontainebleau à Versailles, avec une petite musique qui teste pour les messes des derniers jours, pendant que toute la musique prend les devants, afin de se trouver tous à la messe du premier jour. » Ainsi la plus grande partie de la chapelle royale précédait le Roi, dans ses déplacements, afin d’assurer l’exécution de la messe solennelle dès l’arrivée de Sa Majesté.

Sur le programme musical de cette messe, sur le service et le personnel de la chapelle du Roi, nous trouvons de nombreux et précieux documents dans le bel ouvrage consacré par

  1. Dangeau.
  2. Lulli, par M. Lionel de la Laurencie. 1 vol. Alcan (Les maîtres de la musique).