Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/458

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mar, fut fondé au XIVe siècle, environ cent ans après le couvent des franciscains ou récollets et le chapitre collégial de Saint-Martin. Les Catherinettes, si populaires à Colmar, étaient moins anciennes toutefois que les dominicaines, installées dès l’an 1250, dans cette maison de Saint-Jean-sous-les-Tilleuls, qui existe encore, et pour laquelle Martin Schongauer, de Colmar, a peint sa célèbre Vierge au buisson de roses.

Cinq cents enfants ont été rassemblés dans la salle des Catherinettes, autour d’un bel arbre de Noël. Ce sont les meilleurs écoliers et écolières de Colmar, choisis par leurs maîtres et maîtresses, sur le désir qu’a exprimé le général de Castelnau, désireux de donner, au nom de la France, un témoignage de sollicitude et de satisfaction aux enfants de l’Alsace.

Les enfants de l’Alsace ont bien mérité de la patrie française. On ne saura jamais assez ce qu’ils ont fait, au cours de la guerre, dans toute l’ingénuité de leur âme, pour le réconfort de tous ceux qui, autour d’eux, ont senti la bienfaisante contagion de leur invincible espoir. Ils sont les petits amis de nos soldats, s’étant conduits eux-mêmes, en mainte rencontre, comme des soldats de France. Aussi, quel éclair dans leurs yeux, quelle fierté dans la noblesse instinctive de leur salut militaire, lorsque, sous les voûtes gothiques de cette vaste salle aux échos sonores, la musique du 91e régiment d’infanterie fait entendre une Marseillaise triomphale annonçant l’entrée du général commandant en chef du groupe d’armées de l’Est !

Tous les assistants sont debout et acclament le général de Castelnau, l’homme de guerre qui a sauvé Nancy par la défense du Grand-Couronné, celui qui assura, par sa prévoyance et par une décision rapidement prise, le dégagement et le salut de Verdun, le chef qui a prévu aussi et préparé (ce que l’on sait moins) les victoires de notre armée d’Orient, — l’homme excellent, qui vient s’asseoir au milieu de ces enfants, comme un père de famille dont le cœur, ouvert à toutes les tendresses, n’est étranger à aucune douleur. Nous avons le plaisir de saluer, en même temps que lui, l’amiral Schwerer, un Alsacien qui est venu revoir le lieu d’origine de sa famille, apportant ici, par sa présence, la notion vivante des services qu’a rendus, au cours de la grande guerre, notre marine, toujours prèle au travail et au combat, digne, elle aussi, par son labeur ininterrompu, par son infatigable vaillance et par ses innombrables