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Vanneuverswyn, l’action abominable reste impunie. Que dis-je ? Quelqu’un sera châtié. Mais sait-on qui ? La population du faubourg. Voici, en effet, l’avis que, ( dès le lendemain, l’on put lire placardé sur les murs. Il faut le transcrire intégralement ; il mérite d’échapper à l’oubli :

« Au faubourg des Postes des coups de feux ont été tirés sur des soldats allemands.

« J’ordonne, sous réserve d’autres mesures ultérieures, que tous les habitants des faubourg des Postes et faubourg d’Arras doivent rester chez eux, — jusqu’à nouvel ordre, — de 5 heures du soir à 7 heures du matin. »

Signé :

LE GOUVERNEUR DE LA PLACE.


Jamais n’a été déployé tant d’audace dans le mensonge. On aurait tiré sur des soldats ! Et qui donc ? Il n’y a plus une arme ni à Lille ni en ses environs ; la possession d’un fusil entraînerait pour le détenteur la condamnation à mort. Oui, on a tiré un coup de feu, un seul. Et ce « on » n’est autre qu’un policier allemand. Il a tiré sur une inoffensive jeune fille, pour la punir du plus pacifique, du plus pieux des élans. Et maintenant, par la plus grossière imposture, ce coup de feu scélérat, dû à la fureur d’un Allemand, est transmué en une fusillade provocatrice, commise par des Lillois. Et, pour mieux appuyer l’invention, on me rapporte qu’au service funèbre de la victime, service que suivit en masse la population des faubourgs, une véritable armée de policiers, était présente, pour étouffer toute renaissance de la révolte, qu’elle savait inexistante et qu’elle avait de toutes pièces fabriquée »


GEORGES LYON