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Metternich, que de déterminer Murat à quitter volontairement la Corse pour venir jouir en Autriche du repos dont le duc d’Otrante lui vantait les agréments, sans savoir qu’il serait appelé prochainement à en apprécier les bienfaits.

A cette tâche, qui consiste à sauver Murat malgré lui-même, tout le monde s’emploie. Le 29, Macirone résume les démarches qu’il a faites dans cette lettre au prince de Metternich : « D’après la conversation que j’ai eu l’honneur d’avoir avec Votre Altesse, je me suis concerté avec M. le duc d’Otrante pour ce qui concerne le maréchal Murat, et ce ministre est d’avis, ainsi que moi-même, qu’il serait nécessaire que Votre Altesse eût la complaisance de me fournir une lettre officielle pour le maréchal Murat, par laquelle Votre Altesse le rassurera sur sa liberté personnelle et sur la conduite généreuse et libérale que Sa Majesté Impériale et Royale se propose de tenir à son égard. Aussitôt que j’aurai pu rejoindre le maréchal Murat, j’en instruirai M. le duc d’Otrante, qui, de suite, donnera les renseignements nécessaires à l’officier autrichien qui sera chargé de l’accompagner dans les États de Sa Majesté Impériale et Royale. »

Le 1er septembre, Macirone reçoit du prince une déclaration qui a la forme et l’aspect d’un traité : « M. Macirone est autorisé par les présentes à prévenir le roi Joachim que S. M. l’Empereur d’Autriche lui accordera un asile dans ses États sous les conditions suivantes :

« I. — Le Roi prendra un nom de particulier, la Reine ayant pris celui de comtesse de Lipona, on le propose également au Roi.

« II. — Il sera libre au Roi de choisir une ville de la Bohême, de la Moravie ou de la Haute Autriche pour y fixer son séjour. S’il voulait se fixer à la campagne, cela ne souffrirait pas de difficulté dans ces mêmes provinces.

« III. — Le Roi engagera sa parole vis-à-vis de Sa Majesté Impériale et Royale qu’il ne quittera pas les États Autrichiens sans le consentement exprès de Sadite Majesté, et qu’il vivra dans l’attitude d’un particulier de marque, mais soumis aux lois en vigueur dans les États Autrichiens.

« En foi de quoi, et pour qu’il en soit fait l’usage convenable, le soussigné a eu l’ordre de l’Empereur de signer la présente déclaration.

« Donné à Paris, le 1er septembre 1815.

« Signé : METTERNICH »