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délivrance des divers papiers, mais Macirone, racontant une rencontre qu’il avait faite du duc de Wellington sur la place Louis XV, ajoute avec une fatuité qui donne la clef de ses dix jours de retard : « Il y avait alors une très jolie dame avec moi, à ce moment. »

Parti le 10 septembre, avec un passeport de Fouché à son nom, des lettres de Metternich pour le comte de Stahremberg, commandant l’armée autrichienne du Midi de la France, des passeports pour Trieste au nom du comte de Lipona, signés par Metternich, Schwarzenberg et Ch. Stuart, — mais non par Wellington qui avait déclaré cette formalité superflue, attendu qu’il n’y avait de troupes anglaises, ni dans le Midi de la France, ni en Corse, — Macirone arriva le 14 à Toulon. Il y vit M. Bonafous qui lui apprit le départ du Roi pour la Corse ; il écrivit au comte de Stahremberg qu’il n’aurait pas besoin de l’officier autrichien que le prince Metternich l’avait autorisé à requérir ; et il resta quatre jours en ville, attendant une occasion. Le 18, il écrivit au duc d’Otrante qu’il allait s’embarquer et il partit en effet le 20, sur un petit bâtiment qui le conduisit à Calvi, où il apprit que le Roi était à Ajaccio. De Calvi, il expédia à Murat un homme sûr que le maire lui avait procuré ; mais les informations qu’il avait prises à Calvi lui semblant médiocrement certaines, il se rendit d’abord à Bastia pour se mettre en communication avec les autorités de « la capitale effective de la Corse, » et obtenir des renseignements officiels sur la retraite du Roi. Il arriva le 25 à Bastia, où il trouva la frégate anglaise Meander, commandant Bastard, avec la division de cinq chaloupes canonnières siciliennes.

Le colonel Verrier parut à Macirone un émigré fanatique, car il refusait d’admettre qu’on donnât à Joachim un titre royal, et il lui concédait tout juste la qualification de Maréchal. « Il lui apprit que, quelques jours auparavant, le Meander était arrivé de Livourne, ayant à bord un officier anglais, se disant