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aide de camp du Commandant anglais à Gênes, et apportant à M, Murat une sommation de se livrer aux mains de cet officier, sous peine d’un traitement rigoureux : que cet officier avait été reçu civilement par le roi Joachim, qui lui fit des questions sur l’autorité de ceux qui l’avaient envoyé, sur ses instructions, sur la manière dont il serait traité, et sur les garanties qui lui étaient offertes ; qu’à toutes ces questions, la seule réponse qu’il pût faire, fut qu’il avait l’ordre de sommer M, Murat, au nom des Souverains Alliés, de se livrer à Son Excellence le Commandant de Gênes. » Cette démarche aurait été réitérée le 23 par le colonel Verrier et le commandant Bastard, lesquels auraient rédigé une sommation au nom des Souverains Alliés, et de Son Excellence Lord Burghersh pour que M. Murat eût à se rendre à Bastia ou à bord de la frégate pour y attendre ce qui serait décidé sur son sort [1]. » Bastard était au moment d’expédier devant Ajaccio ses chaloupes canonnières napolitaines pour enlever les gondoles que Murat avait affrétées, et avec lesquelles on craignait qu’il ne fît une descente sur les côtes des Deux-Siciles. Sur les instances de Macirone, convaincu que le Roi ne manquerait pas de se rendre à ses arguments et de recevoir avec gratitude les passeports de Metternich, Bastard consentit à ajourner le départ des chaloupes. Leur intervention eût sauvé Murat.

Au moment où Macirone hâtait les préparatifs de son voyage, il reçut la visite de deux Corses, venus de Livourne à bord du Meander. Ils se nommaient Carabelli : l’un, capitaine à demi-solde, avait servi plusieurs années dans les Royal Corsican Rangers, le régiment à solde anglaise que commanda Hudson Lowe ; l’autre avait occupé sous Murat une fonction civile assez importante dans le royaume de Naples Macirone, auquel ils avaient été présentés par le commandant Bastard, les invita à dîner à son hôtel ; puis, retournant à la frégate.

  1. Il paraît ici bien des Contradictions. La première démarche faite par un officier anglais près de Murat, serait celle faite au Vescovato. La sommation dont parlerait le colonel Verrier, en lui donnant la date du 21 septembre, serait la proclamation du 13. Je n’en trouve pas d’autre : et pourtant le colonel Verrier écrit le 2 octobre au ministre de la Guerre : « Nous nous décidâmes, M. Bastard, capitaine commandant la frégate de S. M. B. le Meander, mouillée en rade de Bastia, de sommer M. Murat de se rendre ou à bord de la frégate, pour y attendre les passeports qu’il avait demandés, ou jusqu’à ce qu’il fût statué sur son sort par la France et les Puissances Alliées. »