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passa la soirée avec eux. La, après une longue conversation, ils lui montrèrent un document signé Medici, ministre de la Police et des Affaires étrangères du roi Ferdinand, par lequel « ils étaient chargés d’affaiblir et d’entraver par tous les moyens l’expédition du roi Joachim, particulièrement en diminuant le nombre de ses partisans, et en leur faisant sentir qu’ils couraient à une catastrophe certaine, s’ils mettaient le pied dans les États des Deux-Siciles. »

Accompagné ainsi des deux Carabelli, et des deux valets de chambre du Roi, Macirone, qui se vante d’avoir fait diligence, arriva à Ajaccio le 18 septembre après midi. Il n’eut point de peine à trouver la maison où le Roi était descendu, car le drapeau amarante était hissé sur le faîte, et une garde d’honneur tenait la porte. Les Carabelli l’accompagnèrent ; leurs accointances avec la police napolitaine avaient été signalées à Franceschetti par le chef d’escadron Cristiani arrivé la veille, mais le Roi ne répugna point à les voir. L’entretien fut bref. Après quelques paroles insignifiantes : « Savez-vous, dit Murat, que je suis décidé à rentrer dans mon royaume ? — Je l’ai entendu dire, Sire, répondit Carabelli, mais Votre Majesté aurait tort, elle serait perdue. » Et très respectueusement, il rétorqua les allégations de Murat sur l’amour que lui portaient ses sujets, et sur les serments qui lui avaient été prêtés. Enfin, aux propositions de places inespérées, il répondit : « Non, Sire, je vous remercie, je ne veux pas aller me faire tuer à Naples. »

Si Carabelli, agent de Ferdinand, était chargé par la police napolitaine de détourner Murat de son expédition, il gagna proprement son argent, car on ne saurait trouver dans les dires que rapporte Galvani, aucune provocation. Restait à recevoir Macirone. Celui-ci arrivait mal : les préparatifs qu’avait faits Murat constituaient déjà un commencement d’exécution, et la proclamation qu’il avait fait imprimer révélait un état d’esprit que seule eût pu modifier une catastrophe d’un autre genre : telle que l’arrivée des chaloupes siciliennes, la destruction ou la capture de ses gondoles.

Joachim Napoléon disait à ses « braves Napolitains : Votre Roi vous est rendu. Il se trouve au milieu de vous... Il renouvelle à ses fidèles sujets le serment qu’il les fit de les rendre heureux. » Oubli du pacsé, amnistie, etc. » Je vivais solitaire