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dans un de ces modestes asiles que l’on est toujours sûr de trouver chez les pauvres vertueux. Là, je méprisais le poignard des assassins, de ces cannibales qui, à toutes les époques de la Révolution française, se sont baignés dans le sang de leurs concitoyens. J’étais déterminé à attendre dans ma retraite la fin de cette fièvre contre-révolutionnaire qui dévore la France, pour tenter la conquête de mes États, et pour venir chercher dans vos cœurs, un asile contre mes disgrâces et contre la persécution la plus inouïe et la plus injuste, quand je fus forcé de m’éloigner… Je me jetai dans une simple barque de pêcheurs, et je débarquai en Corse, où je trouvai l’hospitalité et les offres de service de tous les braves qui avaient fait partie de l’armée napolitaine. »

Ce qui l’a décidé à tenter la fortune pour reconquérir immédiatement son royaume, ç’a été, dit-il, la lettre que Ferdinand a écrite au feld-maréchal autrichien Bianchi, le vainqueur de l’armée napolitaine, pour lui offrir la grand-croix de ses ordres, avec le domaine de Casa-Lanza érigé en duché. « Oui, s’écrie-t-il, oui, braves et chers Napolitains, nous sommes offensés, et si l’offense est générale pour tous, vous devez tous vous réunir à votre Roi pour éloigner de votre territoire un prince qui a aussi souvent oublié le serment qu’il a prononcé tant de fois, et qui s’est constamment montré animé du désir de se venger. Que le palais de Casa-Lanza, que ce monument que Ferdinand voudrait ériger au déshonneur national soit détruit jusque dans ses fondements, et que, sur ses ruines, on élève une colonne qui annoncera à la génération présente et à la postérité la plus reculée, que, dans ce même endroit, l’armée nationale, après avoir remporté des victoires signalées, ne pouvant résister au nombre de ses ennemis, fut contrainte à souscrire une paix honorable et que Ferdinand, pour avoir érigé ce bien en fief du royaume, comme un monument du déshonneur national, et pour avoir qualifié de bandes ennemies, l’armée nationale, a été déclaré par la nation napolitaine indigne de gouverner et a perdu pour toujours le trône ! Oui, la nation est offensée I Quel est le Napolitain qui voudrait à l’avenir se qualifier de tel, et qui oserait se montrer en public ? Aux armes ! Aux armes I Que la nation se lève en masse, que tous les vrais Napolitains qui conservent des sentiments d’honneur, accourent en foule dans le camp ! Que les