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UN COIN DE FRANCE PENDANT LA GUERRE

LE PLESSIS-DE-ROYE


I

Il est des lieux de France que le flux et le reflux de la guerre ont tour à tour recouverts et découverts, les travaillant, les sculptant, les ciselant comme les statues de nos futurs sanctuaires nationaux. Le Plessis-de-Roye devant Lassigny est un de ces lieux d’élection. Occupé par l’ennemi, repris, reperdu, reconquis, il a été le théâtre de combats fameux les 30 mars, 9 juin et presque tout ce brûlant mois d’août 1918. Ses habitants dispersés, revenus une première fois, ont dû reprendre le chemin de l’exil, puis se sont rapprochés en apprenant sa libération et guettent l’heure du retour. Le pays tout entier a vécu leur deuil, a partagé leurs espoirs, célébré leur délivrance et les aidera à rebâtir.

Ainsi la guerre se condense-t-elle sur un coin de notre sol, comme le bruit de la mer dans un coquillage, ou dans les agrès celui du vent. Écoutons parler les pierres et les arbres du Plessis-de-Roye


I. — LE CHATEAU DU PLESSIS-DE-ROYE

C’est une des nombreuses demeures seigneuriales qui décorent l’Ile-de-France : notre Ile-de-France la bien nommée[1], terre à peine distincte des autres provinces assemblées

  1. « L’Ile-de-France, c’est donc avant tout l’île centrale ; la géologie et l’hypsométrie nous la présentent bien comme une île. Elle n’est pas enveloppée d’une mer : un cours d’eau unique. n’en souligne pas non plus le biseau circulaire ; mais à bien considérer les rivières qui la longent ou qui la traversent, on reconnaît. dans leurs contradictions mêmes, le véritable caractère de l’Ile… » (Jean Brunhes, Revue hebdomadaire du 13 juillet 1918.)