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les Allemands tombes devant et dans le parc, plus de quatre cents cadavres, comme il faudra du temps pour dénombrer tout le matériel abandonné sur le terrain, soixante mitrailleuses, plus de mille fusils, et des sacs, et des munitions, et des vivres de réserve pour l’avance prévue ! Et nos pertes n’atteignent pas une centaine de tués et blessés.

Cependant, le 50e bataillon de chasseurs a eu sa part, quoique tardive, du succès. Par suite de la dispersion de ses compagnies, il n’a pu exécuter son mouvement qu’à six heures et demie du soir, une heure après le départ des marsouins. Ce retard est encore une chance, car le débouché eût été difficile et coûteux entre le mur Est du parc et la corne Ouest du Plémont, tous deux occupés. Les habitants du parc ne sont déjà plus à redouter, mais les mitrailleuses allemandes des pentes Nord du Plémont tirent sur tout ce qui se montre. « Aucun officier, aucun homme de troupe des compagnies d’attaque n’a jamais vu ces lieux. Mais l’objectif est précis : les dernières maisons du Plessis, la ruine même de la Porte Rouge sont visibles au soleil déclinant. Droit devant eux, les chasseurs, en hâte, pleins d’entrain, progressent [1]. » La marche est retardée par l’état du terrain : anciennes tranchées, vieux boyaux bouleversés, réseaux de fils de fer mal rompus. Vers sept heures et demie, les deux compagnies d’attaque (8e et 9e) ont atteint la Porte Rouge. De la Porte Rouge au village, il n’y a pas 300 mètres à franchir. Les chasseurs les franchissent, et telle est la singulière fluctuation du combat que ni à la Porte Rouge, ni dans cette partie du village, ils ne rencontrent âme qui vive, sauf deux ou trois Allemands égarés qui viennent se cogner contre eux, comme des papillons à la lumière. Ce village ruiné, qu’envahit la nuit, n’est-il donc tenu par personne ?

Les troupes du commandant Reboul y sont entrées à six heures du soir. Mais, une heure plus tard, celui-ci, ne trouvant pas la liaison annoncée avec les chasseurs de la division voisine et jugeant sa position très en l’air, a reporté sa ligne un peu en arrière, ne laissant que des patrouilles dans la partie Ouest du Plessis. Les chasseurs, y pénétrant à leur tour, cherchent à leur tour les marsouins. Ils récoltent sept ou huit prisonniers, et ce n’est que vers onze heures et demie, dans la

  1. Rapport de la 17e division.