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de grenades. Nous l’avons retrouvé dans sa belle position de combattant. avec, à ses pieds, ses adversaires.

— Je dirai, reprend-il après une pause, le courage de ces quelques hommes qui, avec le caporal Renon, ont bondi au-devant des assaillants et les ont contenus à la grenade, sans permettre aux mitrailleurs de dégager leurs pièces. Je dirai l’héroïsme du capitaine Thuveny se battant comme un preux et acceptant avec une magnifique sérénité d’âme le sacrifice, qu’il voyait proche, de sa vie.

Si litanie n’oublierait qu’un nom. et comme on l’interroge sur le moral de ses hommes :

— Vous pouvez le deviner. Tous sentent qu’ils ont accompli de belle besogne. En dehors de ce qu’ont pu raconter les prisonniers, nous avons vu, sur le terrain, les maudites vagues grises couchées. Nous avons retrouvé, dans la partie du bois perdu pendant quarante-huit heures, des tombes et des tombes. Et il y a encore des cadavres devant nos lignes. Quand on a su les effectifs de l’attaque, on est encore plus fier d’avoir tenu.

Puis il ajoute :

— On fera mieux la fois prochaine...

Et je lis, à peine rédigé, l’ordre qu’il adresse ce jour-là, 4 avril, à son bataillon :


4 avril 1918. Ordre du chef de bataillon.

Mes amis, je veux vous remercier tous au nom de la France, pour le magnifique effort que vous avez fourni.

Pendant huit jours, vous avez veillé, vous avez travaillé ; vous vous ères préparés à recevoir l’ennemi sur la position qui nous avait été confiée et sur laquelle reposait, en grande partie, le sort de la bataille qui se joue actuellement.

Attaqués par trois régiments allemands, vous leur avez opposé votre vaillance, et, ni le nombre, ni les efforts n’ont pu avoir raison de votre bravoure. Vous avez bien mérité de la Patrie. Par ma bouche, elle vous remercie.

Les souffrances partagées, les heures pénibles vécues en commun cimentent véritablement l’affection qui nous unissait déjà. Maintenant que nous avons combattu ensemble, je vous connais mieux. Plus qu’avant, je sais qu’à l’avenir je puis compter sur vous vous savez que vous pouvez compter sur moi.

Enfin, vous avez ajouté à la splendide histoire du 159e une superbe page. Elle restera votre éternelle gloire. La résistance du 2e bataillon,