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d’humilier leurs armateurs qui, dans l’ensemble, ont rendu au pays des services considérables ? Pouvons-nous ignorer que la grandeur de la Marine marchande dépend de la communauté des efforts des uns et des autres ? Dans une lettre qu’il adressait au ministre de la Marine, M. Georges Leygues, le 16 décembre 1918 pour le remercier « du labeur silencieux de ses collaborateurs qui ont assuré à la Marine marchande une protection des plus efficaces, » le syndicat des Capitaines au long cours de Marseille, sous la signature de MM. Rat et Mas, témoignait de « l’ardent désir de faire aimer et respecter en commun sur toutes les mers du globe le glorieux pavillon de la France. » Nos marins qui viennent durant la guerre de donner des témoignages éclatants de leur héroïsme sont impatients de promener notre gloire à travers le monde. Il faut que tous, inscrits, capitaines, armateurs, s’unissent dans ce sentiment de concorde nationale pour régénérer notre flotte qui a cruellement souffert de la guerre. Le rôle du gouvernement est de rapprocher et non de diviser les patrons et les employés.


RETOUR À LA LIBERTÉ

Quelle sera la meilleure formule d’exploitation de cette flotte ? Je n’hésite pas à le dire, celle de la liberté. Certes, l’État doit continuer à soutenir l’armement et à le contrôler, tant que la nécessité s’en fera sentir. Il doit intervenir justement pour aplanir les conflits qui pourraient naître du fait du contrat de travail à bord ; mais notre Marine marchande a besoin d’un régime qui l’éloigné sans tarder de la réquisition. Nous souffrons moins, en ce moment, d’une disette de denrées que d’une crise de transport. Il existe sur la surface du globe de quoi satisfaire aux besoins de tous les peuples, mais la difficulté est de mettre ces ressources à la portée des consommateurs. Or, les échanges entre les nations s’accomplissent surtout par la voie maritime. Nous nous trouvons dans l’obligation d’effectuer d’énormes mouvements de troupes et de matériel, tandis que le tonnage mondial a sensiblement diminué par suite de la guerre sous-marine. Nos ennemis souffrent plus que nous-mêmes de cette situation, qu’ils ont créée en coulant 12 800 000 tonnes de navires.

Quoi qu’il en soit, il faut que nous sachions nous contenter