Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/798

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Français, en mesure d’être renseignés, assurent que l’opération a réussi, La mort par la faim a largement sévi sur la montagne. Ils déclarent encore que nombre de Syriens furent individuellement condamnés à mort et exécutés pour le seul crime d’avoir eu, avant la guerre, un lien quelconque avec la France. La liste en est longue, depuis l’émir Omar, fils d’Abd-el-Kader, qui avait toujours refusé de renoncer à la protection française, jusqu’à cet humble curé maronite de la banlieue de Beyrouth chez qui la police turque avait trouvé la carte de visite d’un homme politique français, réponse à une lettre d’hommage.

Nous cependant qui, menacés au cœur par le fer de l’ennemi, soutenions alors, des Vosges à l’Yser, le poids le plus lourd de sa poussée, nous devinions de loin sans le voir encore le martyre de ces petits peuples libanais condamnés, par jugement de conseil de guerre, à périr d’inanition. Nous étions déjà engagés envers eux par nos bienfaits même où ils étaient fondés à voir la promesse d’une assistance indéfiniment élargie ; nous l’étions par la reconnaissance dont ils nous prodiguaient les témoignages, par la confiance obstinée qu’ils mettaient dans la fortune de la France et dans la vertu toute-puissante de son amitié. Combien ne le sommes-nous pas plus encore par ce qu’ils viennent de souffrir à cause de nous ! A cet égard, un mot dit tout : c’est bien leur attachement à la France qui, la guerre décidée, les a marqués pour la longue torture d’où ils sortent réduits de moitié. Vainqueurs, quel n’est pas notre devoir envers eux ! Et notre devoir, — qui ne le sentirait ? — fonde notre droit.

Notre devoir et notre droit, c’est avant tout d’affranchir la Syrie du joug sous lequel elle a tant souffert. C’est de panser ses plaies comme les nôtres propres. C’est aussi, — tâche délicate ! — de l’aider à poser les fondements de la vie politique indépendante à laquelle elle aspire par ses éléments les plus cultivés.

Soit du Liban, soit des villes d’Amérique où ils se comptent par centaines de milliers et d’où ils ont coutume de revenir en Syrie plus riches d’argent et d’initiative, les Syriens libanais, groupés en comités locaux, ont élevé la voix pour exprimer le vu : « que nous prêtions à leur pays cette assistance. Le conseil administratif du Liban, seul corps électif de la montagne, »