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La France passe à la riposte.
Elle offre encore un holocauste
Aux dieux qu’elle a toujours servis.
Peuple au cœur fort, aux lèvres gaies,
Qui vas te déchirant aux haies
Par les sentiers que tu gravis,
Peuple saignant par tant de plaies
Qu’on ne sait plus comment tu vis,
Peuple éternel et sans mesure,
Après quatre ans d’horrible usure
Toujours debout sur les remparts,
Voilà pourtant, peuple prodigue
Semant tes fils aux vents épars,
Lorsqu’on te croit mort de fatigue,
Voilà de quel pied tu repars !

Loué soit notre capitaine !
Nous reprenons Château-Thierry
Et ces jardins où La Fontaine
Comme un arbre rare a fleuri.



A vous, Anglais, dont les mâchoires
N’ont pas desserré leur étau,
Depuis quatre ans qu’un seul marteau
Dans le même brasier forge nos deux histoires !

Compagnons des nuits sans sommeil,
Appuyez notre gauche encore !
Car Roye est toujours sombre à l’Orient vermeil,
Et Bapaume est toujours sonore.

Voilà longtemps déjà qu’il n’est plus rien d’humain,
Que tout est cendre et miette entre la Lys et l’Avre.
Il n’est point de repos sur ce triste chemin,
Même pour le cadavre.