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Et pourtant, ces hameaux pareils à des remblais,
A des tas d’ossements blanchis, délivrez-les !
La montée est abrupte et la distance est grande,
Mais vit-on jamais un Anglais
Recevoir des coups qu’il ne rende ?

Allez, messieurs, allez, Dieu garde votre Roi !
Son astre ancien ne peut descendre,
Puisque, tous libres sous sa loi.
Ses vassaux ont passé les mers pour le défendre.

Allez, messieurs, en France on sait ce qu’on vous doit,
On sait que grâce à vous Boulogne un peu respire,
Mais que Brest et Cherbourg n’auraient plus un seul toit,
Si le lord-amiral, un jour, sur son navire,
M’eût pas levé le doigt.

La torpille en tournant ronronne
Et le soleil est déjà haut.
Et la Somme passe à Përonne...
Allez, messieurs, le temps est chaud.



Le mois d’août s’achève et septembre
Apparaît dans un tourbillon.
Saint-Quentin s’arc-boute et Chauny se cambre,
Et Lens au bord du ciel se peint en vermillon.

L’Américain apprend à taper sur l’enclume,
L’Italien s’en mêle et Foch tient le soufflet.
Dès qu’un loyer languit un autre se rallume.
Et c’est l’automne, il pleut, et là-bas, dans la brume,
La ligne Hindenburg étend son bourrelet.

Voici ce que le Mal dans sa puissance triste
Organisa de plus savant.
Tout y fut calculé par le vieil algébriste.
Rien devant ce regard ne doit rester vivant,
Et nous sommes devant...