Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 49.djvu/896

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour la construction de hangars, de gares, de magasins, de maisons, de machines agricoles, etc., etc.

C’est sur le régime des transports que cette pénurie et ce renchérissement des matières premières ont surtout eu des répercussions graves. Le prix de construction d’un wagon de chemin de fer a doublé, triplé ; et, partant, malgré l’accroissement des besoins et l’usure rapide du matériel surmené, les compagnies de chemins de fer refusent d’en commander. Et cette crise dans les moyens de transport intérieurs s’aggrave encore d’une crise dans les transports maritimes. Diverses circonstances, — la guerre sous-marine n’en est que la principale, — ont rendu le tonnage disponible à ce point insuffisant que les wagons s’accumulent dans les ports embouteillés sans pouvoir être déchargés : partout les gares, les voies de garage sont encombrées. Six cent mille tonnes d’acier, payées par les Alliés, et dont ils ont le plus pressant besoin, se rouillent sur les quais sans trouver de bateaux. — D’autre part, les États-Unis, pays d’écoulement rapide et d’échanges intensifs, manquent en tout temps de magasins de dépôts, de gares de triage, de quais d’embarquement ; et l’on ne peut maintenant en construire pour les exigences nouvelles qui ne cessent d’augmenter. D’où immobilisation dans l’Est, pour les besoins des Alliés, d’un nombre énorme de wagons indispensables à la vie économique des États du Sud, du Middle-West, de l’Ouest, du Nord : les fermiers du Middle-West surtout ne peuvent écouler leurs produits, qui pourrissent sur place pendant qu’ailleurs la disette sévit. Le développement de l’outillage américain est entravé, s’arrête ; le trouble économique s’aggrave de jour en jour. La crise grandit, atteint les œuvres vives du pays, et chaque citoyen.

Car, à l’élévation du prix de la vie et aux troubles amenés par l’excès d’or, par la pénurie et le renchérissement croissant des matières premières, par les difficultés de transport, s’ajoutaient d’autres causes de perturbation dont la plus importante a été l’énorme élévation des salaires et la raréfaction de la main-d’œuvre. Elles ont une répercussion particulièrement grave sur l’accomplissement de certains travaux indispensables, — établissement ou réfection des routes si insuffisantes aux États-Unis, des chemins de fer ; les constructions, les travaux agricoles ; toutes les besognes pénibles, inférieures et mal payées que l’Américain de naissance habitués aux gros solaires refuse