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de la Fédération Générale du Travail, mais le grand écrivain socialiste John Spargo, marquent avec force à quel point un véritable Américain doit, précisément à cause de cette saturation germanique, repousser, une fois pour toutes, toute compromission avec le germanisme. Ces compromissions n’ont été que trop fréquentes dans le passé. Le parti a appuyé en 1915 la proposition d’interdire aux citoyens américains de s’embarquer sur des navires à destination des ports alliés ; il a soutenu avec ardeur le principe de l’embargo il a gardé le silence sur la violation de la Belgique : il s’est fait l’apologiste du socialisme allemand en favorisant ses intrigues et en poussant à la guerre des classes aux États-Unis : il s’est désintéressé des nationalités opprimées : il a paru en tout indifférent aux revendications démocratiques des Alliés. L’appel de Gompers, de Spargo, de Russell, est entendu : de larges sections du parti désabusé se rang »mt derrière le Président. L’action de Gompers surtout a été décisive, et a dépassé les limites des États-Unis.


LES TENTATTIVES D’OBSTRUCTION DU PROGERMANISME

Battue sur ce premier champ de bataille, la propagande se retourne d’un autre côté. Puisque la guerre est inévitable, elle s’efforce par tous les moyens d’en retarder l’organisation. Et d’abord, au Congrès, elle trouve des appuis même parmi les Républicains partisans de l’Entente. Elle attise la méfiance des politiciens qui s’insurgent contre la dictature du Président, et collabore à lui faire refuser les pouvoirs qu’il demande : loi touchant le service militaire ; loi donnant au Président le contrôle sur les chemins de fer en temps de crise ; loi lui permettant de faire passer au service de l’État tous les chantiers maritimes, les ressources en pétrole ; loi contre l’espionnage ; loi sur la censure de la presse. Une à une, non sans luttes vives, toutes ces oppositions s’écroulent devant la volonté de plus en plus nette du pays d’accorder à son chef des pouvoirs de dictateur. L’indignation grandit contre cette obstruction systématique inspirée : dès le 10 février 1917, la New Republic, si longtemps peu favorable aux Alliés, écrit du 64e Congrès : « Qu’attendre d’une réunion d’hommes où règnent, sans contrepoids, le bavardage, l’incohérence, la frivolité et la sottise ? Si nous avions été dans un danger aussi pressant que celui où sont l’Angleterre et